Mise à jour du 6 septembre : Aigle Azur suspend tous ses vols à compter du 6 septembre au soir.
Intervenant sur BFM TV au sujet de la situation d’Aigle Azur le 4 septembre, Frantz Yvelin a annoncé en direct sa démission du poste de directeur général. Après son placement en redressement judiciaire le 2 septembre, ce nouveau rebondissement envoie un très mauvais signal quant à la pérennité de la compagnie. Plus aucun vol n’est disponible à la réservation à partir du 10 septembre.
Frantz Yvelin a assuré : « j’ai fait absolument tout ce que je pouvais depuis deux ans. Mais […] on ne peut pas se battre contre tout le monde. » Il explique en effet avoir perdu le soutien de ses actionnaires cet été puis celui des salariés, certains syndicats s’étant opposés au plan de sauvetage qu’il avait proposé en partenariat avec Vueling.
L’ancien dirigeant d’Aigle Azur – il sera resté deux ans à la tête de la compagnie – a expliqué que ses deux problèmes majeurs avaient été la perte imprévisible de son actionnaire chinois – le groupe HNA, lui-même en difficulté financière -, associée à l’arrêt de la desserte de la Chine, et le niveau du prix du carburant, qui a provoqué une hécatombe chez les compagnies européennes en 2018. Le soutien de David Neeleman lui a également fait défaut, comme en témoigne également l’arrêt annoncé pour le 27 septembre de la ligne vers le Brésil.
En manque de liquidités, une situation aggravée par le blocage d’une partie de ses fonds en Algérie, l’activité de la compagnie n’a fait que se dégrader. « Nous avions dès le début du mois d’août une solution pour pérenniser plus de 90% des emplois », affirme Frantz Yvelin, revenant sur le projet avec Vueling (céder une partie de son activité à la filiale d’IAG et transférer le reste de ses opérations parisiennes vers CDG), qui s’accompagnait d’un effort de productivité.
Le dernier des trois actionnaires, Gérard Houa (de Lu Azur), a alors tenté de reprendre le contrôle de la compagnie en annonçant l’éviction de Frantz Yvelin et sa propre nomination en tant que président, secondé par Philippe Bohn au poste de directeur général. L’événement, très médiatisé et qui s’est soldé par le dépôt d’une plainte et l’intervention des forces de police, a également porté un coup à la confiance des passagers potentiels.
Frantz Yvelin a alors demandé à placer Aigle Azur sous administration provisoire et une administratrice judiciaire a été nommée le 27 août. Elle a ensuite décidé de déclarer la compagnie en cessation de paiement et de la placer en redressement judiciaire le 2 septembre, les vols devant être maintenus durant la période d’observation (qui courait jusqu’en mars).
Les repreneurs ont désormais moins d’une semaine pour se manifester : les offres doivent être déposées avant le 9 septembre, date à laquelle un CE est planifié. Air France et IAG pourraient figurer parmi les candidats potentiels. Car Aigle Azur garde un atout de taille : des slots très prisés à Orly.