L’heure n’est décidément plus à la croissance débridée chez Emirates. Le directeur général de la compagnie, Tim Clark, a expliqué dans le cadre d’une conférence à Londres le 4 septembre, que sa flotte d’Airbus A380 allait désormais se stabiliser autour de 115 appareils et que le plan de retrait avait débuté. Par ailleurs, il a indiqué qu’il comptait attendre qu’avionneurs et motoristes soient en mesure de fournir leurs produits avec la disponibilité promise avant de finaliser ses autres accords (portant sur des 787, A330neo et A350).
En ce qui concerne la flotte d’A380, le retrait des appareils des plus anciens a déjà débuté. Tim Clark a confirmé que deux Super Jumbos avaient été retirés du service et étaient désormais stockés à Dubai World Central. Ils seront utilisés pour prélever des pièces détachées. « Nous avons une révision majeure qui approche et qu’il est préférable de retirer les vieux avions […] et récupérer leur train d’atterrissage plutôt que d’en acheter un neuf à 25 millions de dollars. » Deux voire trois avions, parmi ceux qui appartiennent à Emirates, seront destinés à cela.
Tim Clark a également confirmé qu’il ne voyait aucune issue à ses appareils sur le marché de l’occasion. La flotte devrait ainsi se stabiliser autour de 115 appareils puis descendre à entre 90 et cent au milieu des années 2020.
« Vous nous donnez des cellules et des moteurs qui fonctionnent dès le premier jour. Si vous ne pouvez pas le faire, ne les produisez pas », Tim Clark
En parallèle, le CEO d’Emirates a exprimé son mécontentement face aux difficultés des motoristes en ce moment, visant le report du programme 777X et les problèmes de Rolls-Royce. Il a expliqué qu’il comptait initialement recevoir ses premiers Boeing 777X à partir de l’été 2020 et qu’il n’avait plus de visibilité sur leur date d’entrée en service à cause des problèmes sur le moteur de GE – le premier vol est repoussé à début 2020.
Par ailleurs, la commande envisagée de quarante 787-9 et -10 n’a pas été confirmée à cause des problèmes rencontrés par Rolls-Royce avec ses Trent 1000, qui a contraint tous les opérateurs de Dreamliner motorisés par Rolls-Royce d’immobiliser temporairement leur flotte pour inspecter ses moteurs. Les soucis de l’industriel britannique seraient également à l’origine du délai dans la confirmation des commandes de quarante A330neo et trente A350 à Airbus.
Toutefois, Emirates traverse aussi une période difficile. « Nous ne sommes pas dans une bonne position mais nous allons nous en sortir », a-t-il déclaré. L’exercice 2018 avait été difficile pour la compagnie, qui avait vu son bénéfice net se rétracter de 69%. Or la tendance se poursuit. Tim Clark continue de voir des signes de ralentissement de la demande et de la croissance, dues aux tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis mais aussi au climat politique dans certaines régions (Hong-Kong, Europe) et aux préoccupations environnementales. Ces difficultés, qu’il évalue plus structurelles que par le passé, semblent vouloir perdurer et Tim Clark n’imagine pas une accélération de la croissance avant trois à cinq ans. Et dans ce contexte, Emirates s’accorde également davantage de temps dans ses prises de décision.