Lors de la journée investisseurs d’Air France-KLM en novembre, Benjamin Smith, son directeur général, avait annoncé qu’il n’y aurait plus à attendre très longtemps pour connaître le successeur de l’A380 chez Air France et visait « les prochaines semaines ». La décision est désormais officielle. Sans surprise, c’est à l’A350 que reviendra cette mission. Air France-KLM a en effet passé une commande auprès d’Airbus portant sur l’acquisition de dix exemplaires supplémentaires de l’A350-900.
Cette mesure permet à Air France de poursuivre et d’intensifier la modernisation et la rationalisation de sa flotte. Les A350-900 avaient été envisagés dès le début de la recherche du remplaçant des Super Jumbo mais était en concurrence avec l’A330neo et le Boeing 787. Plutôt que de créer ou de renforcer le poids d’une sous-flotte, la compagnie a donc choisi de conforter la position de l’A350 comme nouveau pilier de la flotte long-courrier. Les dix nouveaux appareils s’ajoutent ainsi aux vingt-huit déjà en cours d’acquisition.
Sur les 38 A350-900 attendus, trois ont déjà été livrés. Les premiers vont permettre d’accélérer la sortie des A340-300 de la flotte – le dernier des quatre appareils restants devant désormais être retiré du service au premier trimestre 2021 – et une partie de la commande devait déjà permettre de remplacer trois A380 arrivant en fin de bail. La décision de conserver le même appareil pour remplacer les sept derniers Super Jumbo est donc logique. Ils doivent quitter la flotte d’ici fin 2022.
Anne Rigail, directrice générale d’Air France, précise que les résultats opérationnels des trois premiers A350 « sont excellents à tous les niveaux : satisfaction client, performance opérationnelle, et réduction de l’empreinte environnementale ». Voilà une autre motivation pour ce choix.
Mais Air France a également profité de l’environnement économique actuel, marqué par un ralentissement des commandes, notamment d’appareils long-courrier, qui octroie de meilleures marges de manoeuvre aux compagnies dans les négociations avec les avionneurs. Enfin, avec cette décision, le transporteur s’oriente vers une simplification de sa flotte long-courrier, qui sera composée de trois types de cockpit en 2023 : A330/350, 777 et 787. Mais une autre opportunité de simplification existe encore : le transfert des dix 787 d’Air France vers KLM, une option évoquée en novembre.
Longtemps figée, la flotte d’Air France-KLM bouge depuis l’arrivée de Benjamin Smith à la tête du groupe. En un an et demi, le nouveau directeur général du groupe aura accéléré le retrait des ATR et des ERJ145 de la flotte d’Air France HOP!, décidé de renforcer celle de KLM Cityhopper de 21 Embraer 195-E2, d’intégrer soixante A220 chez Air France pour remplacer les A318 et A319, de revoir la répartition entre Air France et KLM du carnet de commandes des A350 et 787 et d’augmenter les engagements pour les A350 et 777-300ER. Reste à moderniser la flotte de monocouloirs du type A320/321 d’Air France, alors que la compagnie annonce déjà investir un milliard d’euros par an dans la modernisation de sa flotte.