A l’occasion de son assemblée générale annuelle, le groupe Lufthansa a indiqué qu’il était toujours en discussion avec les gouvernements auxquels ses différentes entités sont rattachées pour obtenir une aide financière. Mais Carsten Spohr, son directeur général, a souligné que les négociations portaient aussi bien sur le montant des aides que sur leurs conditions : en ce qui concerne l’Allemagne, « nous avons besoin du soutien du gouvernement, mais nous n’avons pas besoin de sa gestion », indique-t-il, en expliquant vouloir préserver la liberté de décision et d’action du groupe.
Carsten Spohr craint que des conditions trop strictes nuisent à sa capacité d’investissement à l’avenir, essentielle pour lui assurer une croissance aussi respectueuse de l’environnement que possible lorsque cette croissance sera de retour. Il redoute également une distorsion de concurrence par rapport aux autres régions du monde, notamment la Chine et les Etats-Unis, où les compagnies ont été renflouées. « Il est d’autant plus important aujourd’hui que la concurrence internationale ne soit pas faussée par des aides d’État de types et d’envergures différents. »
Lufthansa regarde ainsi avec défiance les conditions du type de celles imposées par la France pour l’aide de 7 milliards d’euros à Air France-KLM (objectifs environnementaux et réduction des lignes intérieures avec la suppression de celles où une solution ferroviaire équivalente existe). Avant cela, l’Autriche envisageait déjà d’assortir son soutien financier à Austrian Airlines à ce type de mesures. Les négociations avec l’Etat autrichien se poursuivent d’ailleurs, tout comme celles avec la Belgique. Seul le dossier suisse est plus avancé et le gouvernement a promis un soutien de 1,2 milliard d’euros à Swiss et Edelweiss.
Le groupe souhaite apporter ses propres garanties aux gouvernements : « nous nous considérons responsables vis-à-vis des contribuables qui rendent cette aide possible. » La première est de la rembourser aussi vite que possible : « nous ne pouvons pas nous permettre de nous endetter lourdement, car cela nous paralyserait pendant des années. Nous devons dès aujourd’hui élaborer un plan pour rembourser le plus rapidement possible les prêts et les investissements du gouvernement. »
Il souhaite également conserver l’intégrité du groupe. « Si nous voulons être compétitifs au niveau mondial face aux trois grands groupes aériens des États-Unis, de la Chine et de la région du Golfe, nous ne pourrons le faire qu’en tant que groupe aérien européen », affirme Carsten Spohr.
En revanche, il rappelle que le groupe ressortira affaibli de la crise quoiqu’il arrive. Ne s’attendant pas à ce que la demande trouve son nouvel équilibre avant 2023 – et à un niveau inférieur à celui d’avant la crise -, le groupe va réduire sa flotte d’une centaine d’appareils (sur 760) et ses effectifs de 10 000 équivalents temps plein (en misant sur le temps partiel pour réduire les licenciements).
Par ailleurs, Lufthansa Technik attend une baisse de 60% de son activité cette année.