Le cargo aérien a pris une place très importante ces derniers mois, ayant joué un rôle essentiel dans la crise sanitaire et étant devenu la principale source de revenu des compagnies aériennes. Ce rôle est appelé à se confirmer dans un avenir relativement proche, lorsqu’un vaccin contre la covid-19 aura été élaboré et devra être distribué au niveau mondial. Cependant, le secteur n’est pas au meilleur de sa forme et l’IATA appelle les gouvernements à faciliter ses opérations en vue de sa prochaine grande mission.
Les opérateurs cargo sont en effet toujours confrontés à plusieurs problèmes : le manque de disponibilité du personnel, les restrictions de voyage à lever, la mise en quarantaine des équipages et un manque d’efficacité dans les opérations ad hoc. Mais surtout, la capacité est toujours trop limitée, les capacités des soutes des avions passagers étant toujours majoritairement indisponibles. Celle-ci était encore inférieure de 31,1% à celle de juillet 2019.
Ce manque de capacités a toutefois rendu l’activité bien plus robuste que celle du transport de passagers, puisque le trafic fret en juillet n’est en baisse que de 13,5% par rapport à l’année dernière. Mieux, les échanges entre les Etats-Unis et la Chine se sont intensifiés et sur le segment transpacifique, le trafic est en hausse de 3,7%. Cette région utilise traditionnellement beaucoup les avions cargo (75% du fret est transporté par des avions dédiés), au contraire des échanges entre l’Amérique du Nord et l’Europe qui reposent essentiellement sur les capacités en soute et dont le trafic souffre donc plus en ce moment (-30,3%).
Si les gouvernements n’ont pas rouvert leurs frontières aux personnes, ils ont davantage rouvert leurs économies : la confiance des entreprises est en augmentation et laisse entrevoir une reprise économique en forme de V, portée par celle des commandes à l’exportation. Demande en hausse, capacités limitées, tout cela a un effet positif sur la rentabilité de l’activité cargo : les yields sont en hausse de 60% en juillet. C’est ce phénomène qui caractérisera la croissance de l’activité en 2020.
Cependant, le cycle est en train de se modifier. Avec l’augmentation progressive des capacités grâce au retour de certains appareils passagers en vol et à la multiplication des Preighters (avions passagers temporairement modifiés pour transporter du fret), la croissance sera plutôt portée par l’augmentation des volumes. A noter que l’IATA dénombre 2 300 appareils passagers utilisés pour ne transporter que des marchandises.
Se préparer à la diffusion d’un futur vaccin
Le prochain défi du secteur va être de permettre de vacciner le monde contre la covid-19. L’IATA rappelle que le fret aérien a toujours joué un rôle crucial dans la distribution des vaccins et dispose d’infrastructures adaptées aux conditions particulières du transport de ce type de produit. En revanche, une planification minutieuse des gouvernements et des industriels sera nécessaire et elle doit débuter aujourd’hui.
Il faudra en effet s’assurer que, le moment venu, les installations permettant de maintenir la chaîne du froid seront disponibles, avec le personnel qualifié, pour conserver les doses de vaccin dans de bonnes conditions, ceci à l’échelle planétaire. L’association s’inquiète également de la sécurité autour de l’acheminement.
Il est par ailleurs nécessaire selon elle de faciliter les procédures aux frontières afin de ne pas ralentir voire bloquer l’acheminement, contrairement à certaines mesures gouvernementales actuellement en place. L’IATA appelle la mise en place de procédures accélérées de droit de survol et d’atterrissage pour cette mission spécifique de transport du futur vaccin, la levée des mesures de quarantaine envers les équipages pour fluidifier la chaîne et celle des couvre-feu, l’octroi de droits de trafic spécifiques si besoin, voire des mesures financières.
Mais surtout, le problème des capacités risque toujours de se poser : beaucoup d’avions actuellement immobilisés ne revoleront pas et tous ceux appelés à reprendre du service ne seront pas de retour au moment de la commercialisation d’un vaccin, tandis que le réseau mondial s’est appauvri. Tous les autres maillons de la chaîne d’approvisionnement se doivent donc d’être bien huilés car la tâche risque d’être énorme pour le fret aérien.