Eurocontrol a révisé ses prévisions concernant l’évolution du trafic après le choc initial lié à l’immobilisation de la flotte européenne. Et l’institution se montre beaucoup plus pessimiste. Alors qu’elle tablait sur une baisse du nombre de vols en Europe de 45% sur 2020 par rapport à 2019, elle estime désormais que le niveau se situera plutôt autour de 55%, ce qui représente 6 millions de vols perdus sur l’année (un million de plus que prévu).
Les précédentes estimations, exposées en avril, se basaient sur le scénario d’une reprise encadrée par des mesures coordonnées au niveau européen. D’avril à août, elles se sont révélées justes. Cependant, août a vu la reprise de l’épidémie et la mise en place de mesures (restrictions, quarantaine, tests) en ordre désordonné et souvent à court terme, ce qui a entraîné de la confusion et une nouvelle baisse de la confiance des passagers.
En conséquence, la courbe de reprise s’est infléchie. En septembre, elle montre un niveau de trafic inférieur de 53% à celui de septembre 2019, inférieur à celui d’août (-50%) et inférieur à la prévision initiale (-40%). Le niveau très faible des réservations laisse penser que le trafic restera compris entre -60% et -50% entre septembre 2020 et février 2021 – le meilleur niveau étant attendu en février, le plus bas en janvier – alors qu’en avril, Eurocontrol espérait encore qu’il ne serait plus qu’à -15% en février 2021.
« Nous faisons désormais marche arrière et c’est vraiment inquiétant pour l’ensemble du secteur. Il y a un manque de coordination entre les États sur la manière de gérer les voyages aériens malgré les conseils de l’EASA et de l’ECDC », commenté Eamonn Brennan, le directeur général d’Eurocontrol. « Notre nouveau scénario pourrait s’améliorer s’il y avait davantage de coordination entre les États sur la meilleure façon de gérer les voyages aériens grâce à des tests harmonisés et des critères d’évaluation épidémiologique communs. Cela donnerait une plus grande prévisibilité aux passagers, aux aéroports et aux compagnies aériennes. Dans le même temps, la situation pourrait s’aggraver si les États continuent à imposer des restrictions générales et des mesures de quarantaine – cette approche tue l’industrie du voyage et du tourisme. »
Le nouveau scénario se fonde sur l’hypothèse que l’absence de coordination entre les Etats persiste. Pour cette raison et à cause de la reprise de l’épidémie, la demande va rester très basse, poussant les compagnies aériennes à réduire leur offre – ce qui a déjà été annoncé par IAG, easyJet et Ryanair. S’il se confirme, le secteur pourrait perdre 140 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020 – contre les 110 milliards initialement prévus.