L’Union des aéroports français exhorte le gouvernement français à se positionner clairement en faveur de la mise en place d’un passeport sanitaire européen et sa reconnaissance en France. « Il ne faut pas manquer le rendez-vous de l’été », plaide Thomas Juin, le président de l’association, en expliquant qu’il s’agit là du meilleur espoir du transport aérien français pour retrouver cette année la voie de la reprise. Or, en tardant à soutenir ce potentiel dispositif, il estime que la France prive ses aéroports d’un argument pour attirer de nouveau les compagnies aériennes vers leurs installations plutôt que d’autres.
Après un an passé à encaisser les effets de la crise sanitaire et économique, les aéroports français arrivent à un moment décisif où ils vont devoir se battre pour reconquérir leur connectivité. Mais selon Thomas Juin, il est « illusoire » d’espérer une reprise tant que des quarantaines subsisteront pour se déplacer entre pays. Or, celles-ci pourraient devenir superflues.
La Commission européenne travaille en effet sur un projet de règlement créant un « certificat vert », qui indiquerait le statut d’une personne par rapport à la covid : si elle a été vaccinée, si elle a développé une immunité à la suite d’une contamination ou si elle a été testée négative. Elle espère pouvoir le mettre en place pour le début de l’été, afin de faciliter les voyages.
« Nous sommes beaucoup plus optimistes qu’il y a quelques mois. Le passeport sanitaire européen est l’outil qu’on attend », qui permettra aux compagnies aériennes de reconstruire leur réseau en étant assurées que les passagers peuvent se déplacer – puisque la demande est là et ne demande qu’à se manifester, selon l’industrie.
Reste à ce que la France se positionne clairement en faveur de ce certificat, afin de donner de la visibilité aux compagnies aériennes et qu’elles mettent le pays parmi leur liste de destinations à rétablir en priorité. Thomas Juin affirme que les pays qui se sont déjà prononcés favorablement (en tête desquels la Grèce, dont le Premier ministre a été le premier à réclamer ce certificat) sont en train de voir les réservations augmenter. « Il ne faut pas envoyer un message trop tardif. […] Il y aura certes beaucoup de réservations de dernière minute mais l’été se joue maintenant », avertit-il.
L’UAF continue par ailleurs d’appeler le gouvernement à soutenir la compétitivité des aéroports français. Avec l’attrition de l’offre provoquée par les réductions des flottes des compagnies aériennes, la sélectivité va se renforcer dans le choix des aéroports et seules les lignes les plus rémunératrices seront considérées. Si la France est très attractive en termes de potentiel de trafic, elle est toujours aussi désavantagée en termes de compétitivité. Bien que des gestes aient déjà été effectués (avance de 300 millions d’euros pour les dépenses de sûreté, report du paiement de certaines taxes et redevances pour les compagnies aériennes), son coût de touchée continue de souffrir de la comparaison avec ses voisins. Même le Premier ministre britannique Boris Johnson a finalement décidé de soutenir son transport aérien en réduisant l’APD (Air Passenger Duty). Déjà, Thomas Juin constate que certaines compagnies commencent à déprogrammer des liaisons là où la visibilité manque, en faveur d’aéroports qui offrent des perspectives plus claires. « La compétition a démarré. »