Pour la première fois en trente ans, le groupe Emirates est en perte. Il a en effet annoncé que l’impact de la pandémie de covid-19 – et des restrictions de voyage qu’elle a entraînées – sur son bilan annuel avait été très fort, réduisant son chiffre d’affaires de 66% et entraînant des pertes atteignant 6 milliards de dollars.
Pour la seule compagnie aérienne, les pertes s’élèvent à 5,5 milliards de dollars, pour un chiffre d’affaires réduit dans les mêmes proportions que celui du groupe, à 8,4 milliards de dollars. Les capacités totales ont été amputées de 58%, et 83% sur le segment passage. Environ 6,6 millions de passagers ont été transportés, ce qui a entraîné la chute du chiffre d’affaires, mais la recette par passager s’est améliorée grâce à un mix avantageux des destinations, une bonne gestion de la politique tarifaire et la demande solide pour les sièges premium.
La flotte a peu évolué mais a été réduite de onze appareils. Emirates a en effet reçu trois Airbus 380 sur l’exercice mais a retiré du service neuf Boeing 777-300ER et cinq A380 parmi les plus anciens de la flotte. Si les contrats de leasing ont été renégociés, les engagements auprès des avionneurs pour de nouveaux appareils restent inchangés pour le moment – bien que Tim Clark, le directeur général de la compagnie, ait récemment indiqué qu’il ne prendrait pas livraison de ses 777X s’ils ne respectaient pas leur cahier des charges.
Sans surprise, les meilleures nouvelles viennent de SkyCargo. L’entité de transport de fret a réalisé à elle seule 60% du chiffre d’affaires du groupe, avec 4,7 milliards de dollars (+53%). Malgré un volume réduit de 22% sur l’année, elle a réussi à augmenter son chiffre d’affaires mais aussi ses yields, de 88%. Pour contrer la disparition partielle des capacités en soute, Emirates a transformé dix-neuf 777-300ER en « mini freighters », retirant les fauteuils de classe affaires pour pouvoir transporté du cargo en cabine.
Le groupe Emirates souligne qu’il a obtenu près de 4 milliards de dollars de soutien de la part du gouvernement de Dubaï pour maintenir ses opérations, dont 3,1 milliards pour sa compagnie aérienne. La trésorerie est à un bon niveau, de 5,4 milliards de dollars.
De nombreuses actions ont été entreprises pour réduire les coûts dans le groupe, malgré le maintien des investissements dans la flotte, les installations, les produits et les nouvelles technologies. En revanche, il a procédé à de nombreux licenciements : les effectifs ont été réduits de près d’un tiers à 75 145 collaborateurs.