Si la pandémie a stoppé net Finnair dans sa croissance, elle n’a toutefois pas poussé la compagnie à renoncer à ses investissements. Ainsi, le projet d’introduction de la classe Premium Economy sur la flotte long-courrier est plus vivant que jamais et en cours de mise en place, comme nous le confirme Javier Roig, directeur général de la compagnie pour l’Europe du Sud. Il fait également une mise au point sur la santé de Finnair et ses autres projets.
L’installation d’une classe Premium Economy avait été annoncée à la fin de l’année 2018. A l’époque, Finnair prévoyait de mettre en service le premier avion équipé fin 2020. La crise sanitaire a perturbé ce calendrier, sans pour autant mettre en échec le projet. Javier Roig indique en effet que les deux premiers Airbus A350-900 qui en seront équipés se trouvaient actuellement à Hong-Kong pour être équipés. Le premier doit revenir en Finlande fin janvier 2022 pour une mise en service en avril.
Si la compagnie continue d’être assez discrète sur cette nouvelle classe, Javier Roig indique qu’il ne faut pas s’attendre à « une business moins chère mais plutôt une Eco plus sympa et plus confortable ». Son installation ne doit pas avoir d’impact sur la classe affaires mais se fera sur l’espace de la classe économique. Elle sera installée sur l’ensemble de la flotte long-courrier, en priorité sur les A350 car ce sont eux dont elle a le plus besoin actuellement, puis sur les A330-300.
Un impact particulièrement important de la crise
La Premium Economy est une des solutions qui va permettre à Finnair de renouveler son offre et attirer de nouveau les passagers. Très dépendante du marché asiatique, Finnair est en effet particulièrement touchée par la crise sanitaire et a été l’une des compagnies confrontées le plus tôt et le plus fort à la covid-19. « Nous avons été l’une des premières compagnies touchées parce que nous avions tellement de routes en Chine ! Nous desservions six ou sept aéroports tous les jours en 2019. Nous pensions que ce serait une crise similaire à celle du SRAS, qui ne toucherait que le pays, mais elle nous a tout de même poussés à très vite mettre en place un protocole covid [modification ou remboursement des billets, etc., ndlr], qui était prêt et a été appliqué lorsque la crise a touché l’Italie et le monde », explique Javier Roig.
A ce moment, Finnair avait une bonne situation financière et suffisamment de trésorerie pour environ un an. « Mais il nous a fallu emprunter de l’argent au gouvernement finlandais, vendre puis relouer certains de nos A350… » D’autant que l’Asie s’est rapidement fermée et tarde à rouvrir ses frontières et que la Finlande a elle aussi imposé des restrictions très strictes, fermant ses frontières durant plus d’un an. Finnair avait ainsi été contrainte de réduire ses capacités à 10% de leur niveau de 2019. Une étude d’Eurocontrol avait d’ailleurs récemment souligné que la Finlande était le deuxième pays où la reprise était la plus lente en Europe cet été – après le Royaume-Uni.
« Aujourd’hui la situation s’améliore », indique Javier Roig. Avec la réouverture des frontières en Europe, la capacité de Finnair est à 40% de son niveau de 2019. « J’estime qu’on sera à 50% à la mi-novembre. Mais nous ne serons pas aux 70% ni aux 80% tant que les frontières en Asie ne sont pas rouvertes. » La compagnie a adopté une stratégie prudente : « nous préférons mettre une capacité réduite puis ajouter petit à petit des capacités au fur et à mesure que les avions se remplissent. » Elle se concentre pour le moment sur le marché européen, « qui marche très bien ». Sur le marché français, le niveau des ventes est sensiblement le même qu’en 2019 et les vols sont pleins pour la haute saison de la Laponie. Paris (CDG) est desservi trois fois par jour et Nice deux fois par semaine.
Des axes de développement sur le long-courrier
« Ce n’est qu’un petit pan de notre activité mais le reste n’a pas totalement disparu. Nous continuons à voler à Tokyo, Séoul ou Bangkok tous les jours, mais seulement une fois par semaine en Chine, à Shanghai. Et, en Chine comme au Japon, nous ne pouvons pas remplir nos avions, nous avons une jauge à un tiers. » Sur ces vols, c’est le cargo, grâce à la demande et l’augmentation des tarifs, qui a permis de rentabiliser les activités.
Sur le long-courrier, le salut devrait venir des Etats-Unis. « Ils rouvriront avant l’Asie. Nous avons donc maintenu Chicago pendant l’hiver, New York, Miami et Los Angeles. S’ils ne tiennent pas leur promesse, nous nous retirerons car cela ne sert à rien de voler si les frontières ne sont pas ouvertes pour les Européens. »
L’annonce de réouverture des Etats-Unis en novembre a poussé Finnair à réactiver quatre appareils. Elle a également été moteur dans la décision d’ouvrir une base à Stockholm, avec des A350, pour desservir les Etats-Unis, Bangkok et Phuket. « Nous sommes très connus sur le marché suédois et une compagnie aérienne a disparu du marché long-courrier donc nous allons essayer. C’est la première fois que nous créons une base qui ne soit pas Helsinki et c’est un projet qui s’est mis en route tardivement. C’est une aventure ! »