La semaine dernière, l’administration américaine a précisé la date de réouverture des Etats-Unis aux voyageurs vaccinés : le 8 novembre. Si cette réouverture apporte une grande bouffée d’air à tous les opérateurs transatlantiques, elle revêt une importance toute particulière pour La Compagnie, qui avait basé tout son modèle économique sur la liaison entre Paris et New York. Si la crise sanitaire l’a obligée à revoir sa copie, elle se prépare activement à de vraies retrouvailles avec son marché.
La Compagnie a déjà commencé à renouer ses liens avec le marché américain, notamment lorsque l’Europe a rouvert ses frontières aux voyageurs internationaux au mois de juin. « Nous avons repris les vols le 12 juin, avec une offre certes limitée puisqu’il n’y avait que des Américains pour venir à Paris, mais avec un fort succès », rappelle Christian Vernet, le PDG de La Compagnie. Les ventes se sont envolées au mois de juin, ce qui a permis à la compagnie de gagner en confiance pour relancer la liaison Nice – New York en juillet, alors que l’espoir d’une décision sur une réciprocité ce même mois commençait à fondre.
« L’annonce de la réouverture des Etats-Unis pour le début du mois de novembre a donné un élan aux ventes. D’un seul coup, les Français ont recommencé à acheter des billets. Les ventes ont plus que doublé du jour au lendemain, ce qui était assez remarquable et montre l’entrain et l’attrait du marché de destination », explique Christian Vernet, en précisant que les réservations concernent notamment les entreprises françaises avec des succursales ou des accords de distribution dans le pays, sociétés « qui n’ont pas vu leur marché pendant quinze à dix-huit mois ».
Autre signe positif : les réservations ont beaucoup concerné les mois de novembre et décembre mais les voyageurs se sont également projetés en 2022, confortés par la possibilité de modifier leurs billets. La Compagnie se réjouit donc de recommencer enfin à gagner un petit peu de visibilité, tout en restant parfaitement consciente de n’être « pas au nominal ».
Une longue zone de turbulences à traverser jusqu’en 2025
Si le plus dur de la crise semble être passé, la reprise ne s’annonce pas très rapide en effet. Christian Vernet estime que le marché loisir entre la France et les Etats-Unis devrait se rétablir assez vite mais la situation est plus contrastée pour les voyages d’affaires, qui devraient être portés par l’essor économique confirmé dans les deux pays mais dont la reprise devrait être freinée par la facilitation apportée par la visioconférence, même si le système a ses limites.
Ainsi, le PDG de La Compagnie s’attend à que « une grande proportion du voyage d’affaires soit rétablie entre fin 2023 et mi-2024, avec peut-être une érosion de 10% à 15% par rapport au passé ». Il faudra compter sur les secteurs qui fonctionnent bien pour reprendre le relai de croissance et combler cette érosion, ce qui pourrait être effectif en 2025.
D’ici là, les capacités d’adaptation de l’opérateur vont encore être mises à contribution. L’offre va être réduite et un seul des deux A321LR sera affecté à la liaison historique entre Paris et New York, qui redevient quotidienne en novembre. Pour exploiter le second, La Compagnie a envisagé de lancer une liaison entre Milan et New York, s’appuyant à la fois sur l’attrait économique du nord de l’Italie et la diaspora italienne aux Etats-Unis. « Mais le marché est un petit peu contraint, nous avons reporté le projet à l’été 2022. » Elle a ensuite pensé à Tel Aviv, pour capitaliser sur le marché naturel entre la France et Israël mais surtout sur le très gros marché entre Israël et les Etats-Unis, en instaurant un programme de vols optimisé proposant une correspondance bord-à-bord en 1h30 à Orly. Imaginé pour le mois de juin, le lancement de la ligne a dû être repoussé à décembre en raison de l’entrée en vigueur de nouvelles restrictions lourdes en Israël.
« Le complément d’avion qui reste disponible, nous le proposons pour des programmes charters », poursuivant l’offre développée durant le plus fort de la crise. La Compagnie est également en discussions avec de potentiels partenaires pour réaliser des vols réguliers sur des destinations différentes et sur des continents différents – mais déjà pratiqués lors des vols charters puisqu’elle a volé en Australie, dans les Caraïbes ou en Afrique pour le secteur offshore. « Si nous avons la chance de rencontrer le marché, nous pourrons peut-être envisager un peu de croissance », espère Christian Vernet.