Si les compagnies européennes ont une exposition limitée aux marchés russe et ukrainien, la fermeture de l’espace aérien russe leur est beaucoup plus dommageable, interdisant l’accès aux routes les plus courtes vers l’Asie. Finnair ayant basé son modèle économique sur les liaisons entre l’Europe et l’Asie, elle se prépare à encaisser le choc. Anticipant le NOTAM russe interdisant le ciel aux compagnies finlandaises, la compagnie avait temporairement suspendu une partie de ses vols pour étudier des routes alternatives. Désormais, elle travaille également sur de nouvelles mesures en interne.
Elle a en effet engagé des négociations avec les représentants de son personnel navigant finlandais (2 800 personnes) concernant des plans de chômage partiel allant jusqu’à 90 jours. En effet, le NOTAM émis par la Russie le 28 février lui interdit son ciel jusqu’au 28 mai. Elle estime qu’elle pourrait ainsi être obligée de suspendre temporairement l’activité de 90 à 200 pilotes et de 150 à 450 membres du personnel de cabine à partir du mois d’avril. Leur nombre dépendra de la durée de la crise et des mesures compensatoires qui pourront être prises en interne. Des mesures devraient également être prises hors de Finlande, dans les destinations touchées par les restrictions de vol.
En parallèle, la compagnie a suspendu ses vols vers le Japon, la Corée du Sud et la Chine pour une semaine, le temps de trouver des itinéraires alternatifs et potentiellement viables. Le Japon étant l’un de ses plus importants marchés (passager comme cargo), il a été le premier à faire l’objet d’une annonce : les vols vers Tokyo Narita reprendront le 9 mars, à raison de quatre rotations hebdomadaires. Le nouvel itinéraire, qui passera par le pôle Nord ou par le sud de l’Europe (en fonction des vents), demandera treize heures de vol, faisant perdre un avantage considérable à Finnair, qui misait jusqu’alors sur la rapidité de ses vols vers l’Asie pour convaincre ses passagers de réaliser une correspondance à Helsinki.
L’évaluation se poursuit pour les vols vers la Chine et la Corée du Sud, tandis que les autres (Singapour, Thaïlande et New Delhi) sont déjà reroutés (avec un impact d’une heure de vol supplémentaire). La compagnie indique préparer également un plan de réseau alternatif au cas où la situation se prolongerait.
Finnair rappelle que le trafic entre l’Asie et l’Europe représentait plus de 50% du chiffre d’affaires de la compagnie avant la pandémie. Les pays asiatiques continuant d’imposant des restrictions très forte sur les voyages en raison de la crise sanitaire, l’impact sur Finnair n’est pas aussi important que dans une situation normale puisque les opérations étaient déjà réduites. Mais la compagnie est loin d’être sereine, même si les réservations pour l’Europe et les Etats-Unis sont encourageantes : « éviter l’espace aérien russe ajoute, dans le pire des cas, plusieurs heures à la durée du vol, et l’augmentation du prix du kérosène combinée à l’allongement du trajet pèse lourdement sur la possibilité pour les vols d’atteindre le seuil de rentabilité », indique-t-elle. Dans ces circonstances, elle a annulé ses prévisions financières pour le premier semestre.