Norse Atlantic Airways déploie ses ailes. La jeune compagnie norvégienne, spécialisée dans les vols low-cost long-courrier, se prépare à ouvrir une base à Paris CDG et lancer ses opérations de la capitale française vers New York (JFK) à partir du 26 mars. Paris deviendra alors sa quatrième destination européenne (après Oslo, Berlin et Londres Gatwick). Les recrutements de personnel navigant sont en cours en France et une centaine de personnes seront nécessaires au lancement.
Présent à Paris le 28 novembre pour annoncer cette ouverture, Bjorn Tore Larsen, le fondateur et CEO de la compagnie, explique qu’il ne craint pas de se lancer sur un marché aussi concurrentiel que la liaison Paris – New York car Norse Atlantic a sa propre niche : un modèle hybride avec des appareils de capacité maîtrisée (des Boeing 787), avec une capacité d’emport de fret intéressante et un produit biclasse capable de répondre aux aspirations de la plupart des passagers (ses 787 peuvent transporter jusqu’à 338 passagers, dont 56 en classe Premium).
Initialement, Norse concentrera ses efforts sur la desserte de New York mais les ambitions pour Paris sont grandes. « Nous comptons faire de Paris l’une de nos plus importantes bases européennes », affirme Bjorn Tore Larsen. « Nous voulons offrir la possibilité à d’autres Américains de visiter Paris. » D’autres destinations aux Etats-Unis pourraient donc être envisagées. Le nombre de 787 basés dans la capitale est toutefois encore en réflexion et l’évolution dépendra du succès de la ligne, mais le fondateur de Norse est convaincu qu’il y a de la place pour une desserte quotidienne à l’année. Il compte également que la ligne sera à l’équilibre dès 2023.
Bjorn Tore Larsen, fondateur et CEO de Norse Atlantic Airways, lors de son passage à Paris le 28 novembre. © Le Journal de l’Aviation – tous droits réservés
Un modèle basé sur la prudence
Souvent vu comme le successeur de Norwegian, le transporteur norvégien rappelle qu’il n’a rien à voir avec la compagnie de Bjorn Borg (qui fait partie de l’actionnariat minoritaire). Venant du secteur maritime (où il a créé sa première société en 1986), Bjorn Tore Larsen tient à respecter la simplicité de son modèle – réduire au maximum ses coûts pour pouvoir répercuter ces économies sur ses tarifs. Il est donc hors de question de choisir un autre modèle d’appareil ni de se lancer sur le moyen-courrier, ce qui ajouterait de la complexité aux opérations donc des coûts. Pour alimenter ses vols, des accords sont en place avec easyJet en Europe et avec Spirit aux Etats-Unis.
De même, toute expansion débridée est exclue. La compagnie a acquis une quinzaine de Boeing 787 auprès d’AerCap et BOC Aviation, et a réussi à « obtenir des accords exceptionnellement intéressants », les ayant négociés alors que le transport aérien était au plus bas avec la crise sanitaire. Et la flotte ne s’étendra que si l’opération est renouvelable : « nous ne nous étendrons que si nous pouvons avoir de très bons accords sur les avions ».
Par ailleurs, « nous restons prudents, notamment à cause de l’inflation et du prix du carburant », le réseau se développera donc progressivement. Norse Atlantic a lancé ses opérations en juin dernier et a depuis transporté entre 250 000 et 300 000 passagers. Après un été réussi (avec un taux de remplissage de 85 %), l’automne a montré un affaiblissement de la demande, l’incitant à développer ses activités charter (notamment du transport de troupes pour l’OTAN) et à programmer les travaux de maintenance de ses appareils en hiver. La compagnie constate que ses réservations pour les mois à venir sont bonnes et estime que l’été 2023 sera « très fort ». Mais forte d’une flotte d’une quinzaine d’appareils, elle a choisi d’en sous-louer une partie (dont quatre à Air Europa pour dix-huit mois) pour limiter la flotte à son service à dix appareils et l’ajuster à ses opérations.
Norse Atlantic mise également sur le cargo pour pérenniser son modèle, « ce qui est nouveau pour nous ». Les soutes de ses 787 peuvent transporter plus de 30 tonnes de fret (avec des variations selon le remplissage et l’emport carburant) et la demande est intéressante. L’activité cargo contribue déjà à hauteur de 15 % au chiffre d’affaires – avec des disparités selon les segments, la demande étant forte dans le sens Norvège – Etats-Unis mais plus faible au retour.
« La simplicité est la clef », conclut Bjorn Tore Larsen. « Nous sommes une low-cost parce que nous avons un business model très simple. Mais notre produit n’a rien de low-cost : nous avons un pitch équivalent à celui proposé par les legacy, un très bon service… Si vous voulez survivre dans une activité dite low-cost long-courrier, la première chose essentielle est d’avoir un bon produit business parce que c’est la plus importante partie de votre base client, vous devez avoir un bon produit économique à la carte parce que vous avez besoin de remplir vos avions, vous devez réussir à remplir vos soutes et vous devez être agile. »