La 74e assemblée générale annuelle de l’Association internationale du transport aérien (IATA) qui se tient actuellement à Sydney (Australie) confirme la tendance mondiale de ces dernières années.
Avec une croissance du transport de passagers qui devrait croitre de 7% en 2018, très largement au-dessus de la moyenne des 20 dernières années (+5,5% annuel) et ce pour la sixième année consécutive, le secteur se maintient encore au-dessus des meilleures prévisions à long terme (doublement du transport aérien tous les 15 ans), mais cette croissance sera inférieure à celle constatée pour l’année dernière (+8,1%).
Mieux, pour Alexandre de Juniac, le directeur général de l’IATA, « la solide rentabilité se maintient en 2018, malgré la hausse des coûts. Les bases financières de l’industrie sont fortes après une période de neuf ans dans le noir ». Les compagnies aériennes devraient en effet afficher un bénéfice net cumulé de quelque 33,8 milliards de dollars (marge nette de 4,1%) cette année, même si ce chiffre est d’ores et déjà en nette baisse par rapport celui de l’année dernière (bénéfice de 38 milliards de dollars, à comparer au record de 39,4 milliards de dollars de 2016) et bien en dessous des prévisions de décembre (38,4 milliards).
Sur le plan opérationnel, la santé du transport aérien reste très bonne avec un nombre de passagers qui devrait dépasser les 4,36 milliards en 2018, une hausse qui dépasse la croissance des capacités (+6,7%, même croissance que l’année dernière). Le taux de remplissage moyen devrait ainsi atteindre 81,7%, en très légère hausse par rapport à celui de 2017 (81,5%).
Mais le directeur général de l’IATA a une nouvelle fois énuméré les défis qui se dressent face à la croissance, en particulier sur les conséquences possibles des récents conflits commerciaux mondiaux et des mesures de protectionnisme qui pourraient peser sur les résultats des compagnies aériennes. Le transport aérien mondial est déjà largement pénalisé par la hausse des cours du carburant et l’IATA vient d’ailleurs de réévaluer son estimation du coût moyen du Brent sur l’année à 70 dollars le baril, contre de 60 dollars précédemment. Le carburant est désormais estimé 27,5% plus cher que son niveau moyen de 2017 et la facture carburant moyenne devrait désormais atteindre plus de 24% des coûts opérationnels des compagnies aériennes.
Pour l’Association internationale du transport aérien, les recettes unitaires devraient continuer à augmenter pour atteindre 4,2% en 2018, mais moins vite que les coûts, ce qui se traduira par une érosion logique des marges des compagnies aériennes. L’IATA note également qu’avec la livraison de plus de 1 900 nouveaux avions de ligne cette année (1722 en 2017), l’acquisition des nouveaux appareils va davantage peser sur la trésorerie disponible des compagnies aériennes (-4 milliards de dollars) alors qu’au même moment leurs résultats opérationnels seront impactés par l’accélération des coûts.
Le transport aérien de fret devrait quant à lui croître de seulement 4,0% en 2018 (FTK), à comparer à la très forte progression constatée l’année dernière (+ 9,7%), mais qui résultait d’un rattrapage sur le réapprovisionnement des stocks mondiaux et par une demande soutenue pour les exportations de produits manufacturés. Le fret devrait ainsi atteindre les 63,6 millions de tonnes transportées en 2018 à comparer aux 61,5 millions de tonnes transportées l’année dernière. Selon l’IATA, cette croissance sera tirée par les produits pharmaceutiques, le commerce électronique ainsi que par d’autres transports premium. Le yield devrait croître de 5,1% (+ 8,1% en 2017).
Au niveau des régions géographiques, les compagnies aériennes d’Amérique du Nord continueront à générer près de la moitié des bénéfices de l’ensemble des transporteurs mondiaux (44% en 2018 contre 60 en 2016) avec un bénéfice net de quelque 15,0 milliards de dollars (contre 18,4 milliards de dollars en 2017).
Les compagnies aériennes européennes devraient quant à elles rattraper les performances des transporteurs nord-américains avec un bénéfice net de 8,6 milliards de dollars (8,1 milliards en 2017) car traditionnellement mieux protégées par leur politique de couverture carburant. Enfin les transporteurs d’Asie-Pacifique devraient repasser derrière l’Europe cette année avec un bénéfice net de 8,2 milliards de dollars, conséquence du retour à un niveau plus normal de l’activité cargo. La région domine cependant désormais le transport aérien mondial avec 33% de part de marché sur le transport de passagers et 37% sur le fret aérien.