La France et les Pays-Bas ont signé un « accord de poursuite » en marge de la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN à Bruxelles les 15 et 16 février. Les chasseurs de la Royal Netherlands Air Force pourront ainsi entrer dans l’espace aérien français en cas de mission d’interception d’un aéronef engagée depuis le Benelux, jusqu’à ce que les avions français de la permanence opérationnelle prennent le relais, et réciproquement.
Cet accord intervient un mois et demi après l’entrée en vigueur, le 1er janvier dernier, d’un espace aérien commun entre la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. Si la police du ciel du Luxembourg était déjà assurée par la Belgique, elle sera à présent partagée avec les Pays-Bas. Les relèves auront lieu tous les quatre mois. Les quatre chasseurs belges déployés en QRA (quick reaction alert) seront basés à Kleine Brogel ou Florennes, tandis que les Pays-Bas baseront leurs quatre avions à Leeuwarden ou Volkel. En cas de mission d’interception lors de la permanence néerlandaise, il était donc nécessaire de pouvoir formaliser l’approche et éventuellement la pénétration de l’espace aérien français. L’accord entre la France et la Belgique date quant à lui de 2005.
La France a signé des accords de poursuite avec tous les pays frontaliers pour permettre des mesures actives de sûreté aérienne au-delà du territoire, en cas de menace non-militaire, type perte de contact radio ou absence de plan de vol. C’est en vertu de cet accord « Renegade » que la France avait par exemple escorté en février 2014 un 767 d’Ethiopian Airlines qui avait été détourné par son pilote. L’avion avait été intercepté par deux Eurofighter italiens puis deux Mirage 2000C jusqu’à Genève, les F/A-18 suisses n’ayant pas été en mesure d’assurer la mission à l’époque (le décollage sur alerte n’était alors possible qu’aux « horaires de bureau »). L’armée de l’air indique effectuer au total 24 exercices transfrontaliers par an avec l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la Grande-Bretagne, l’Italie et la Suisse.
En cas de menace militaire, c’est l’OTAN qui coordonne les interceptions, par le biais du NATINAMDS (NATO integrated air and missile defence system), que la France pleinement ré-intégré en juin 2015. Le NATINAMDS permet à l’OTAN de demander le suivi, l’assistance ou l’interception d’un avion, comme c’était le cas le 9 février dernier, lorsque que les Tu-160 Blackjack de l’armée de l’air russe se sont approchés des espaces aériens norvégien, britannique, français et espagnol.