Une « première mondiale » a eu lieu samedi 4 juin aux alentours de 14h30 sur la BA 125 d’Istres. A l’occasion du meeting aérien organisé par l’armée de l’air et la FOSA (Fondations des oeuvres sociales de l’air), Dassault Aviation, qui célébrait son centenaire, a proposé au public un vol en patrouille de trois de ses aéronefs : un Falcon 8X, un Rafale, et le démonstrateur de drone de combat nEUROn. Le nEUROn était leader de la formation, dirigé depuis un shelter par un pilote qui assurait le suivi de la programmation. Un premier vol en patrouille entre le nEUROn, un Rafale et un Falcon 7X avait eu lieu le 20 mars 2014 au-dessus de la mer Méditerranée.
« Ce vol en patrouille est très symbolique de ce qu’est la maison Dassault, une longue tradition du passé, issue de ces 100 ans, issue de Marcel Dassault, le génie de la maison, à l’origine de tout », a expliqué Eric Trappier, le PDG de Dassault Aviation, à l’issue du vol. « C’est la dualité entre le civil et le militaire, mais aussi l’arrivée des drones », a-t-il poursuivi.
L’information avait fuité depuis une semaine, mais l’incertitude sur la météo notamment avait conduit Dassault Aviation à rester très discret sur ce vol, qui pouvait être annulé jusqu’au dernier moment, comme l’expose Eric Trappier : « Nous avons entretenu le mystère, car c’est un peu compliqué à monter ». Toute la difficulté résidait dans la corrélation entre les conditions météos et le créneau dédié à ce vol : « Le challenge c’était aussi d’être à l’heure, nous ne pouvions pas dire ‘il y a une difficulté donc nous reportons le vol dans deux-trois heures’, il fallait être à l’heure prévue, tout en essayant de rester ‘furtifs’ sur l’heure à laquelle il devait voler et s’il devait voler ou pas ».
L’opportunité de faire voler cette patrouille s’est présentée à la fois pour la célébration du centenaire, mais aussi en raison de la campagne d’essais qui se tient actuellement à Istres et qui a débuté le 17 mai dernier. « Nous nous sommes dit avec l’armée de l’air que c’était l’occasion dans un environnement assez grand, proche de notre centre d’essais en vol, de tenter cette première et de faire voler le drone en public, sachant qu’il y avait un cahier des charges très important, en termes de règles de sécurité vis-à-vis du public », détaille le PDG de Dassault Aviation. « Ça a été monstrueux en termes de paperasse », nous a-t-on confié chez l’avionneur.
Cette nouvelle campagne d’essais va durer environ trois mois et doit contribuer à « exercer les caractéristiques du nEUROn et de sa discrétion vis-à-vis d’un certain nombre de systèmes d’armes, aussi bien terrestres que maritimes et aériens », indique Eric Trappier. « Il faut continuer à avoir une base de données sur des radars qu’on connaît bien et mesurer encore plus précisément l’efficacité de la furtivité de ce nEUROn face aux systèmes d’armes qui sont censés protéger les bateaux, les bases aériennes, etc. » L’objectif est également de « tester les drones sur les défenses aériennes du porte-avions ».
L’étape suivante sera de pouvoir proposer un démonstrateur opérationnel, dans le cadre du traité d’Amiens, signé en mars dernier. Celui-ci prévoit une enveloppe de deux milliards d’euros pour le développement du système de combat aérien du futur (SCAF), avec l’objectif annoncé pour Dassault Aviation de « se faire notifier un démonstrateur opérationnel pour lequel on pourrait commencer à intégrer un certain nombre de systèmes opérationnels », dès début 2017. Un drone « peut-être un peu plus gros », qui bénéficierait du savoir-faire et des connaissances acquises à travers le programme nEUROn, mais aussi du programme Taranis, développé par le partenaire britannique BAE Systems.