Effective depuis un mois, la nouvelle organisation de la division moteurs militaires de Snecma (groupe Safran) a pour but de faire gagner le motoriste en efficacité, face aux défis industriels qui se profilent dans les années à venir, aussi bien dans le domaine de la production que du soutien, ou encore de l’innovation. Le Journal de l’Aviation a rencontré Didier Desnoyer, patron de cette division « nouvelle génération ».
Quel a été le moteur de cette réorganisation de la division des moteurs militaires chez Snecma ?
De manière générale, Snecma est aujourd’hui en train de faire face à un challenge très important, puisque nous vivons notre plus grosse année de production du CFM, tout en effectuant l’entrée en service du Leap, ainsi que le développement du Silvercrest. Pour ce qui est de la division moteurs militaires, nous allons devoir répondre à la montée en cadence du M88 grâce aux ventes export du Rafale, mais nous devons également gérer la montée en cadence des moteurs TP400 de l’A400M. Dans un autre domaine, nous devons également soutenir nos clients qui volent aujourd’hui – qui volent beaucoup.
Il y a un avant et un après. Il y a toujours un moment un peu délicat de transition, mais la prise en compte d’un environnement nouveau nécessite une organisation différente. Nous ne pouvons pas gérer ce que nous faisons actuellement de la même manière que nous allons gérer la période chargée qui s’annonce, que ce soit pour la montée en cadence de la production des moteurs, mais aussi pour tout le soutien associé. Une fois cette analyse faite, il fallait prendre des décisions.
Justement, quelles sont donc les grandes orientations que vous avez souhaité donner à cette division « nouvelle génération » ?
L’idée principale, c’est de mettre en place une organisation plus compacte, afin que la division gagne en efficacité, en réactivité et en « écoute client ». La première décision qui a été prise, c’est de regrouper les directions de programmes. Il y avait jusque-là deux directions des programmes, une pour les avions d’arme, une pour les avions militaires. Il n’y en a plus qu’une. Cette direction unique est plus forte à présent.
Le second objectif a été de créer une direction du support, qui regroupe toutes les fonctions du soutien, technique, industriel, logistique. Cette direction support inclut également les fonctions de vente pour la France et pour l’export, tout comme les directions maintenance militaire et réparations, regroupées sur le site de Châtellerault.
Enfin, la division s’est dotée d’une direction commerciale unique, principalement en charge des liens avec la DGA, Dassault Aviation et Airbus, les donneurs d’ordres, pour tout ce qui concerne les questions de politique commerciale et tarifaire. Cette direction commerciale est également en charge de l’exécution des contrats export, les livraisons, et la gestion associée, des M88 – à travers Dassault Aviation.
Pourquoi avoir regroupé la stratégie et l’innovation dans une seule direction ?
La stratégie, c’est voir un peu loin. Nous sommes précisément dans un monde qui change beaucoup et l’innovation doit être pleinement intégrée dans la stratégie. Les technologies changent, il y a un certain nombre de domaines que nous devons comprendre pour être prêts dans un environnement futur. Les enjeux peuvent être soit des opportunités, soit des menaces, mais nous devons nous y préparer, c’est pour cela que les deux domaines ont été regroupés.
La réorganisation a-t-elle un impact direct sur les effectifs ?
Les effectifs vont bouger par la suite, en raison de la montée en cadence de la production, mais cette augmentation n’est pas liée directement à la réorganisation. En revanche, il y a eu des regroupements, afin de gagner en efficacité. Les vendeurs export ont par exemple été réunis avec la direction des ventes export, alors qu’il existait auparavant deux services différents. Il y aura également des regroupements géographiques, l’augmentation en personnels et en surface nécessitant une réorganisation, afin d’avoir des flux cohérents sur le travail.