Airbus et CFM International ont décidé d’avancer ensemble vers l’élaboration d’un avion à zéro émission. Les deux groupes ont annoncé le 22 février leur collaboration dans le développement et les essais d’un système de combustion à hydrogène, qui pourrait faire ses premiers essais en vol au milieu de la décennie.
Le système de propulsion s’appuiera sur l’architecture du Passport de GE Aviation, dont la chambre de combustion, le circuit carburant et le système de commande seront modifiés pour qu’il puisse fonctionner avec de l’hydrogène. Le choix s’est porté sur ce moteur équipant le Global 7500 de Bombardier en raison de sa légèreté par rapport au LEAP, de ses dimensions, de ses turbomachines avancées et de son débit de carburant.
Mohamed Ali, VP Ingénierie de GE Aviation, rappelle que l’hydrogène doit être injecté sous forme gazeuse dans la chambre de combustion pour brûler proprement, ce qui présente l’avantage d’assurer un meilleur mélange avec l’air. En revanche, il brûle à plus haute température que le Jet-A classique, ce qui va nécessiter le recours à des matériaux et revêtements plus résistants, et plus rapidement. Mais le motoriste est confiant : « Est-ce plus compliqué ? Oui. Est-ce faisable ? Assurément. »
Michel Brioude, directeur technique et R&T de Safran Aircraft Engines, précise quant à lui qu’il y a beaucoup de défis techniques à relever : stockage dans des réservoirs cryogéniques à -250 degrés, système de distribution cryogénique, nouvelles pompes, nouveaux conduits, nouveaux joints, nouvel échangeur thermique pour transformer le liquide en gaz avant son injection dans la chambre de combustion… Il met également en avant la nécessité de surveiller l’impact de l’utilisation de l’hydrogène sur la formation de traînées de condensation. « La combustion de l’hydrogène ne produit pas de CO2 mais elle produit trois fois plus d’eau », qui participe également à l’effet de serre.
Une fois les essais au sol bien avancés, le programme de démonstration en vol sera lancé. Airbus a prévu d’utiliser son premier A380, MSN 1, comme banc d’essais. Le Passport modifié sera installé à l’arrière du fuselage de l’appareil. Quatre réservoirs d’hydrogène liquide, préparés par Airbus en France et en Allemagne, seront quant à eux placés à l’arrière du pont principal et enfermés hermétiquement dans des containers, tandis que le système de distribution sera rapproché du moteur. Des capteurs seront installés partout, près des réservoirs, du système de distribution et du moteur pour collecter le maximum de données. Dans le poste de pilotage, une manette sera ajoutée pour permettre au pilote de gérer la puissance du moteur à hydrogène.
Le premier vol pourrait avoir lieu en 2026, indique Sabine Klauke, directrice technique d’Airbus, mais le calendrier précis du programme d’essais reste encore à définir.
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