« 2015 a été une nouvelle année pleine de succès pour Airbus Group ». C’est en ces termes que Tom Enders, le Président exécutif du géant de l’aéronautique européen a présenté de solides résultats annuels à l’occasion d’une conférence qui s’est tenue à Londres le 24 février.
Comme on pouvait s’y attendre, le chiffre d’affaires du groupe poursuit sa progression en atteignant 64,45 milliards d’euros en 2015, en hausse de 6% par rapport à l’année précédente. La marge opérationnelle avant éléments non récurrents dépasse le 4,13 milliards d’euros (+2%) même si Dassault Aviation a moins contribué à la rentabilité générale du groupe l’année dernière.
L’EBIT reporté est pratiquement resté stable à 4,086 milliards d’euros (+1%), impacté par la faiblesse de l’euro face au dollar (charge nette de 635 millions d’euros) et par l’A400M (charge nette de 290 millions d’euros), mais compensé par la cession d’actifs dans Airbus Defence & Space et dans CIMPA, ainsi qu’avec la poursuite de la réduction de participation dans Dassault Aviation. Le résultat net du groupe atteint ainsi 2,696 milliards d’euros, en hausse de 15% en un an.
D’une façon générale, le carnet de commandes record d’Airbus Group a continué à progresser en 2015 pour atteindre une valeur de près de 1006 milliards d’euros (+17% en un an), malgré une légère érosion des commandes enregistrées sur l’année (159 milliards d’euros contre 166 milliards en 2014), compte tenu du niveau exceptionnel des précédentes années. Ainsi, en seulement 15 ans, le groupe aéronautique européen aura multiplié par près d’un facteur 8 la valeur de son carnet de commandes, plus que doubler son chiffre d’affaires et améliorer sa marge opérationnelle de 192%.
Les avions commerciaux d’Airbus toujours dans une très forte dynamique
Airbus, la branche dédiée aux avions commerciaux du groupe a ainsi affiché un chiffre d’affaires en hausse de 8% en 2015 pour atteindre 45,854 milliards d’euros, porté par l’augmentation générale des cadences. La marge opérationnelle avant éléments non récurrents progresse quant à elle de 10%, marquée notamment par le fait que « chaque A380 livré est désormais rentable », comme l’a souligné Harald Wilhelm, le Directeur financier du groupe, mais les charges liées à la parité euro/dollar auront eu ici un impact important sur l’EBIT (-14%). Avec 1080 nouveaux appareils enregistrés en commandes nettes, le carnet de commandes s’est enrichi de 139 milliards d’euros l’année dernière, un résultat en baisse de 7% par rapport à 2014.
Le programme A380 a ainsi atteint son point d’équilibre avec une cadence de 27 appareils, contre les 30 annoncés il y a tout juste un an. « Après 15 ans d’investissements, il faut parfois se montrer patient, mais c’est désormais une réalité, la rentabilité du programme est atteinte », s’est réjoui Tom Enders, ajoutant qu’il fallait cependant continuer à en vendre pour assurer son équilibre financier au-delà de 2018.
Pour le Président exécutif d’Airbus Group, le programme A330 a quant à lui réussi à combler le manque d’appareils nécessaire à assurer la transition avec l’A330neo, ce qui se traduit par une annonce d’augmentation de la production à 7 exemplaires par mois. « C’est un produit fantastique » a-t-il indiqué, précisant que la pleine transition vers la nouvelle famille remotorisée serait rapidement atteinte à horizon 2017-2018, à l’instar de ce qui va produire sur la famille A320. L’avionneur européen avait annoncé il y a tout juste un an devoir baisser sa production à 6 appareils par mois.
Concernant le nouveau biréacteur long-courrier A350, Airbus prévoit toujours d’en livrer une cinquantaine d’exemplaires cette année, la phase de « ramp-up » étant pleinement d’actualité et même si « tout ne sera pas simple ».
Pour cette année, le « book to bill » devrait être une nouvelle fois supérieur à 1 avec l’objectif de livrer 650 appareils, ce qui devrait se traduire par un nouveau sommet au niveau du backlog, qui était valorisé à 952 milliards de dollars au 31 décembre.
Une belle performance pour Airbus Helicopters
En dépit d’une conjoncture difficile, notamment avec la crise du secteur pétrolier et gazier, le numéro un mondial des hélicoptères civils et parapublics afficher de solides résultats pour 2015, « même si les commandes se sont érodées de l’ordre de 20% sur ce secteur » a précisé Marwan Lahoud, le Directeur général délégué à la stratégie et au marketing d’Airbus Group. Airbus Helicopters a ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 6,786 milliards d’euros (+4%), dégageant un EBIT avant éléments récurrents en progression de 3% à 427 millions d’euros. Son carnet de commandes s’est réduit de 4% l’année dernière en valeur, mais les prises de commandes ont augmenté de 13% pour atteindre 6,17 milliards d’euros.
Pour Marwan Lahoud, les bons résultats de l’hélicoptériste européens sont liés à sa parfaite dualité civil/militaire ainsi qu’avec la bonne tenue de ses services qui représente aujourd’hui 47% de son chiffre d’affaires. « Airbus Helicopters est plus résilient par rapport aux autres hélicoptéristes dans cette conjoncture et nous continuons à dominer le marché civil et parapublic ».
Tom Enders a de son côté rappelé que l’internationalisation de la production de l’hélicoptériste allait se poursuivre, à l’image des succès remportés en Corée du Sud, en Chine et en Roumanie.
Un A400M toujours dans la tourmente
Pour l’année 2015, la division Airbus Defence & Space affiche un CA à 13,08 milliards d’euros, stable par rapport à 2014. Les prises de commandes s’élèvent quant à elles à 14,4 milliards d’euros, en hausse de 18% par rapport à l’année précédente.
Le PDG d’Airbus Group s’est montré relativement peu disert sur le programme A400M, tout en reconnaissant néanmoins que les difficultés n’étaient pas encore complètement réglées, tant au point de vue des livraisons que des capacités militaires. « Nous menons actuellement des discussions avec nos clients sur la question des livraisons et des capacités militaires – dont ils ont grand besoin », a déclaré Tom Enders.
La division militaire de l’avionneur européen a livré onze A400M en 2015, un chiffre « dont nous ne pouvons pas être satisfaits ». L’objectif est ainsi de monter à une vingtaine d’avions pour l’année 2016, mais aussi de proposer des solutions satisfaisantes concernant les capacités militaires, qui constituent « les plus gros défis ». Motus et bouche cousue en revanche sur l’état des discussions avec les nations clientes.
Le départ de Pilar Albiac-Murillo, responsable des activités industrielles nommée en janvier 2015, a par ailleurs été confirmé, mais ne serai pas lié directement au programme A400M.