Airbus se lance dans une nouvelle activité. Alors que la flotte de BelugaXL entre progressivement en service, l’avionneur a décidé de proposer ses BelugaST sur le marché du transport de fret commercial, afin de répondre aux besoins de transport hors gabarit. L’activité Airbus Beluga Transport a été lancée au quatrième trimestre 2021, avec une première mission réalisée durant la période des fêtes entre Marignane et Kobe.
C’est le BelugaST n°3 qui a été utilisé pour cette mission. Il transportait un hélicoptère lourd de son site de production (Airbus Helicopters) à son client (dont l’identité n’a pas été révélée). Le vol a comporté trois escales, à Varsovie, Novossibirsk et Séoul.
Pour le moment, l’activité commerciale autour du BelugaST est prise en charge par Airbus Customer Services (pour la partie vente) et ATI (Airbus Transport International, pour la partie opérationnelle). Deux appareils – le n°2, F-GSTB qui sort tout juste de maintenance lourde, et le n°3, F-GSTC – seront disponibles en 2022. Dès 2023, les choses vont évoluer avec l’intégration d’un troisième appareil dans la flotte et la création d’une compagnie aérienne dédiée à cette activité, filiale d’Airbus, avec son propre certificat de transporteur aérien et ses propres équipages. En 2024, la flotte sera au complet, avec les cinq BelugaST en service. Airbus précise que les BelugaXL, qui seront alors utilisés à leur place pour les besoins de transport entre les différents sites de production de l’avionneur, pourront ponctuellement être utilisés sur certaines missions.
Avec ses 6,7 mètres de large, ses 7,1 mètres de haut, ses 39 mètres de long et ses capacités de chargement de 40 tonnes de matériel, la cabine du BelugaST offre des possibilités variées aux futurs clients d’Airbus. « Dans le cas du chargement des hélicoptères, le fait de ne pas avoir à les démonter au préalable est vraiment un plus. De même, les plus gros moteurs d’avions commerciaux peuvent être accueillis dans une configuration complète », souligne Phillippe Sabo, responsable de l’ATI and Air Oversize Transport chez Airbus.
Loin d’égaler les capacités de l’Antonov 225, Airbus considère que le Beluga a un positionnement unique par rapport à ses concurrents. Si ses capacités se rapprochent plus de celles de l’Antonov 124, elles diffèrent selon lui en ce que l’Antonov est particulièrement performant pour le transport de charges lourdes quand le Beluga est davantage indiqué pour les charges volumineuses.
De nouveaux équipements pour soutenir les opérations du Beluga
Pour faciliter et optimiser les opérations, plusieurs équipements sont en développement. Le premier est une palette multirôle modulable. Sa longueur peut être adaptée au chargement, en compilant le nombre de palettes de 2 mètres de long nécessaires à une mission. Elle est compatible avec le chargement d’hélicoptères, de véhicules, de moteurs sur leur support etc. Ce faisant, elle évite à l’opérateur de devoir retourner sur sa base pour changer de palette à chaque mission. Vingt-cinq modules ont déjà été produits.
La palette multirôle © Airbus
Airbus a également travaillé à la conception d’une plateforme de chargement et de déchargement adaptée aux spécificités du Beluga et de ses chargements hors normes. L’objectif est de produire plusieurs unités (une seule est prête à ce jour), qui pourraient être positionnées dans les aéroports stratégiques où les opérations sont les plus régulières. Mais Airbus a également tenu compte des évolutions possibles de sa future clientèle donc de ses destinations phares : la plateforme est facilement démontable et réassemblée, en une journée, au cas où elle doive être déplacée.
Une nouvelle plateforme de chargement et déchargement © Airbus
Enfin, un équipement de chargement transportable est en cours de développement et sera prêt en juin 2022. Son rôle est de voyager avec le chargement à acheminer afin de gagner en réactivité et en autonomie à destination, notamment au cas où une plateforme de chargement/déchargement ne serait pas disponible à l’aéroport d’origine ou de destination. Le système peut être déployé automatiquement et fixé à l’appareil pour décharger les marchandises transportées. Il pourra être utilisé pour des cargaisons d’une masse inférieure à 20 tonnes et d’une longueur inférieure à 12 mètres, soit pour plus de 65% des missions selon Airbus.
Avec cette activité cargo, l’avionneur se donne les moyens de mieux exploiter le potentiel des BelugaST. Les appareils, basés sur l’A300-600, ont en effet été conçus pour vivre 30 000 cycles mais n’en ont effectués que la moitié en moyenne, dans leur vie opérationnelle au service de la production. Il leur resterait ainsi vingt ans de vie opérationnelle.
Avant que l’activité atteigne sa vitesse de croisière, Airbus devra faire certifier les nouveaux équipements qui seront embarqués (la palette et le système de chargement), ainsi que le nouveau système de protection contre les incendies qui sera installé pour que la baie cargo soit certifiée classe E. Soulignant que tous les grands aéroports peuvent accueillir le Beluga sans aménagement nécessaire, l’avionneur précise qu’il va également mettre à jour le programme de maintenance des appareils pour obtenir une certification ETOPS 180 qui faciliterait les opérations de traversée des océans.