Alors qu’Airbus vient d’annoncer l’ouverture d’une seconde ligne d’assemblage final A320 à Tianjin et que deux autres FAL sont en préparation à Mobile et Toulouse, il semble que l’outil industriel de l’avionneur sera près à répondre à l’augmentation des cadences de production prévues sur le programme A320neo – passer de 45 appareils produits chaque mois aujourd’hui à 75 en 2026. L’une des problématiques va être désormais de s’assurer que les effectifs suivent. En effet, après deux ans de crise intense, les effectifs ont diminué et le marché de l’emploi est sous pression. Mais Airbus est confiant et se sent mieux préparé à l’augmentation des cadences qu’il ne l’était auparavant.
Pour rappel, l’avionneur estime ses besoins en recrutement pour 2023 à 13 000 personnes dans le monde. Environ 9 000 personnes seront recrutées en Europe, dont 1 500 en France, comme nous l’avait indiqué en janvier Michaël Butterbach, le directeur des ressources humaines d’Airbus en France – sans compter les stagiaires et les apprentis, pour lesquels les opportunités se multiplient, notamment avec l’ouverture de nouvelles capacités de formation au Lycée Airbus.
Les besoins en Allemagne, autre base majeure de l’avionneur, sont encore plus importants. A l’occasion d’un voyage organisé par l’AJPAE (Association des journalistes professionnels de l’aéronautique et de l’espace) à Finkenwerder en mars, Marco Wagner, directeur des ressources humaines d’Airbus en Allemagne, a indiqué que 3 500 recrutements étaient prévus dans le pays en 2023, un volume équivalent à celui de 2022. Il précise que 1 900 personnes doivent être recrutées au sein d’Airbus Commercial, 1 100 au sein d’Airbus Defense and Space, et 400 chez Airbus Helicopters.
Les profils recherchés ont légèrement évolué en un an : alors que les besoins les plus urgents concernaient les métiers de la production en 2022, la proportion d’ingénieurs et de cadres va augmenter en 2023. Quelque 80 % des recrutements chez Airbus Commercial permettront de sécuriser la montée en cadence et 20 % concernent les nouveaux métiers qui se développent au sein du groupe pour préparer l’avenir, décarbonation, digitalisation et cybersécurité en tête. Marco Wagner reconnaît qu’Airbus en Allemagne est également confronté à un « défi démographique » : il fait à la fois face à l’imminence de 500 départs à la retraite et à la nécessité de diversifier ses embauches. L’objectif est qu’un tiers des embauches concerne des jeunes et un autre tiers des femmes.
Mais le marché du travail est plus difficile dans le pays pour l’avionneur : « Airbus génère 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires en Allemagne. Le secteur aéronautique est petit par rapport aux industries automobile ou pharmaceutique par exemple. Il y a beaucoup de très gros acteurs mais aussi de plus petites entreprises qui sont très attractives pour les jeunes », explique Marco Wagner. Quand Airbus est incontournable en France, un effort supplémentaire est donc essentiel pour rendre la marque plus visible en Allemagne et Airbus se tourne notamment beaucoup vers les réseaux sociaux et les affichages pour rester à l’esprit des candidats.
Par ailleurs, « ces 20 % de personnes que nous recrutons pour préparer l’avenir de l’aviation, dans les services informatiques, la cybersécurité ou l’environnement, ne sont pas naturellement attirées par le secteur aéronautique. Elles recherchent des conditions de travail agréables, elles veulent des projets intéressants, elles veulent avoir une mission », affirme-t-il. Ainsi, comme en France, les campagnes de recrutement mettront en avant ses projets stimulants et ses messages sur la durabilité.