Comme la plupart des avionneurs, ATR se plie au jeu des prévisions de marché. Le constructeur franco-italien vient ainsi de publier le 2 juillet, ses conjectures pour la période 2018-2037. Elles renforcent globalement celles publiées il y a deux ans (2016-2035), avec une croissance annuelle revue à la hausse, mais proposent aussi quelques évolutions.
Sur les 20 prochaines années, ATR prévoit la livraison de 3 000 nouveaux turbopropulseurs. Cela représente un marché potentiel de plus de 80 milliards de dollars pour les constructeurs. Sur ce total de 3 000 avions neufs, ATR estime que 40 % serviraient à remplacer le parc existant, tandis que 60 % répondraient à la croissance du trafic. La flotte mondiale de turbopropulseurs doublerait quasiment avec plus de 4 000 appareils en service, contre 2 260 fin 2017. Cette prévision reste en ligne avec la précédente, qui prévoyait la livraison de 2 800 turbopropulseurs d’ici 2035.
ATR table en effet sur une croissance moyenne de 4,5 % par an du trafic des turbopropulseurs sur la période. C’est 0,6 point de plus que lors de l’étude de 2016. Les moteurs de cette croissance restent en revanche identiques : celle-ci est essentiellement tirée par le développement du réseau existant (+ 3,5 % par an) et par la création de nouvelles routes (+ 3 % par an). ATR estime ainsi que les turbopropulseurs offrent un potentiel de création de 2 770 nouvelles routes d’ici 2037, principalement en Asie-Pacifique et en Amérique latine.
Pour le constructeur franco-italien, la demande des compagnies va clairement continuer de s’orienter vers les plus gros modules (61-80 sièges). Ils devraient représenter près de 80 % des appareils neufs livrés au cours des 20 prochaines années, soit environ 2 400 avions. ATR croit néanmoins qu’il reste du potentiel pour le segment des avions de 40 à 60 sièges – et donc pour son ATR 42-600 – grâce au remplacement des petits turbopropulseurs de 30 places et aux jets régionaux de 50 places. Cette augmentation de la taille des modules pondère d’ailleurs quelques peu les prévisions de croissance du trafic, à hauteur de 2 %.
L’Asie-Pacifique, toujours en tête
Sur le plan géographique, l’Asie-Pacifique reste plus que jamais le coeur de cible des constructeurs de turbopropulseurs. La région pourrait représenter 43 % de la demande à venir, soit 5 point (ou 300 avions) de plus que lors de la précédente étude. ATR a d’ailleurs affiné ses représentations sur la région : la Chine doit devenir l’un des principaux débouchés avec 300 appareils, devant l’Asie du Sud (qui comprend principalement la péninsule indienne) avec 260 avions. Les besoins pour le reste de la zone sont estimés à 740 avions.
L’Afrique et le Moyen-Orient sont aussi sur une bonne dynamique et offre un important potentiel de remplacement. La zone devrait recevoir 350 appareils dans les 20 prochaines années. C’est autant que l’Amérique du Nord ou l’Europe de l’Ouest, marchés plus matures qui vont essentiellement procéder au remplacement d’avions d’ancienne génération.
Reste l’Amérique latine qui, avec un besoin évalué à 420 avions neufs, représenterait environ 14 % de la demande mondiale.