Le Royaume-Uni, le Japon et l’Italie lancent le chasseur de sixième génération Global Combat Air Programme (GCAP), fruit de la fusion des travaux menés jusqu’ici sur les programmes Tempest et F-X. La nouvelle plateforme devrait être définie en 2025 pour une entrée en service à horizon 2035. Elle sera logiquement en concurrence avec le SCAF européen sur les marchés à l’export.
Les contours de cet accord d’envergure s’esquissaient déjà lors du dernier salon aéronautique de Farnborough en juillet mais c’est désormais officiel. Les programmes Tempest britannique et F-X japonais fusionnent pour devenir le Global Combat Air Programme (GCAP), une dénomination marquant le caractère plus mondialisé du futur chasseur de « sixième génération » qui devrait voir le jour en 2035 et remplacer les premiers Eurofighter Typhoon de la Royal Air Force (RAF) et de l’Aeronautica Militare, mais aussi les Mitsubishi F-2 de la Force aérienne d’autodéfense japonaise (JASDF).
Ce qui est sûr, c’est que le GCAP est devenu de fait un programme tout aussi ambitieux que le SCAF (Système de Combat Aérien Futur) en Europe, tant par les moyens qui seront déployés que par le marché du remplacement visé, sans parler à terme des possibilités de ventes à l’export. Le programme SCAF a quant à lui pour but de remplacer les premiers Rafale (France) et Eurofighter (Allemagne et Espagne) à l’horizon 2040, soit cinq ans plus tard.
Le rapprochement du Royaume-Uni, du Japon et de l’Italie dans le programme GCAP a été révélé le 9 décembre par le Premier ministre britannique Rishi Sunak au siège de l’Eurofighter Typhoon force de la RAF sur la base aérienne de Coningsby, avec des déclarations des dirigeants et des industriels des trois pays, dont évidemment BAE Systems et Mitsubishi Heavy Industries (MHI).
Les partenaires vont désormais collaborer plus intensivement pour définir le concept de la plateforme de base, puis lancer la phase de développement du futur chasseur en 2025. D’ici là, les trois pays du Global Combat Air Programme auront précisément défini le partage des tâches industrielles en lien avec une une évaluation conjointe des coûts et des budgets nationaux. Parallèlement au développement du futur avion de combat avec l’Italie et le Japon, le Royaume-Uni précise aussi qu’il évaluera des capacités supplémentaires pour ses propres besoins, notamment en termes d’armements et de vecteurs déportés.
Du côté de la motorisation du Global Combat Air Programme, Alex Zino, directeur du développement commercial et des programmes futurs de la division défense de Rolls-Royce a rappelé que les trois pays s’étaient déjà rapprochés à la fin de l’année dernière pour concevoir, produire et tester conjointement un démonstrateur de moteur.
Enfin, le Royaume-Uni, le Japon et l’Italie entrouvrent aussi la porte à d’autres pays qui pourraient ainsi participer au programme « en temps voulu ou collaborer sur des capacités plus larges », et ainsi augmenter les chances de vente du futur avion de combat à l’export.
Pour Ben Wallace, Le secrétaire d’État britannique à la Défense, le GCAP s’inscrira dans les « coopérations de défense avec des alliés internationaux, notamment le partenariat AUKUS et l’OTAN, dont le Royaume-Uni reste le principal contributeur européen ».
Pour rappel, l’Italie avait officiellement rejoint le programme Tempest, mené par le Royaume-Uni en septembre 2019, impliquant de fait Leonardo, Elettronica, Avio Aero et MBDA Italy. Les rumeurs d’une fusion du Tempest avec le programme F-X étaient quant à elles particulièrement insistantes en juillet dernier, avec un accord qui devait être ficelé avant la fin de l’année.
Leonardo UK et Mitsubishi Electric avait d’ailleurs annoncé à Farnborough qu’ils travaillaient déjà sur le démonstrateur de radar JAGUAR (Japan and Great Britain Universal RF system), un capteur qui contribuera au radar de sixième génération du Tempest, le MRFS (Multi-Function RF System), et devrait donc finalement apparaître sur le Global Combat Air Programme.