Depuis sa création en 2012, le programme ecoDemonstrator fait la part belle à la coopération pour tester de nouvelles technologies, avec comme objectif affiché de réduire l’empreinte environnementale de l’aviation. Pour cette édition 2019, Boeing n’a pas dérogé à la règle, en lui donnant une forte coloration allemande. Le constructeur américain a ainsi invité nombre d’industriels et acteurs locaux à embarquer à bord du 777-200, qui servira de banc d’essais volant pour cette nouvelle campagne, et a obtenu le parrainage du ministère fédéral pour les Affaires économiques et l’Énergie. L’avion est d’ailleurs présenté sur l’aéroport de Francfort du 19 au 21 novembre, après un vol « propulsé par un mélange de carburants aéronautiques durables » depuis Seattle, sur la côte Ouest américaine.
La plupart des industriels allemands impliqués dans le programme sont regroupés au sein du consortium Intelligent and Smart Cabin (i+sCabin), qui travaille à la définition de standards pour les futures cabines connectées. Celui-ci est mené par Diehl Aviation, avec la participation de Diehl Aerospace (coentreprise avec Thales), Bühler Motor et KID-Systeme du côté des industriels et l’Université coopérative d’État du Bade-Wurtemberg (DHBW), l’Université de technologie de Hambourg-Harburg (TUHH) et le DLR en ce qui concerne les organismes de recherche. Safran et Jeppesen sont aussi présents et Etihad Engineering apporte son soutien au projet. Les premiers travaux ont débuté dès 2018.
Des données en cabine
Jeff Roberts, responsable Cabine et aménagements au sein de la division Stratégie produit et développement des futurs avions de Boeing, note qu’aujourd’hui, il n’y a que peu de données récoltées en cabine. Pour lui, le travail du consortium consiste d’abord à déterminer si la collecte de plus d’informations peut conduire à des améliorations. Les partenaires ont pour cela mis en place un réseau d’équipements connectés à bord de l’ecoDemonstrator et établi un certain nombre d’applications à tester. C’est à partir de ce travail que les partenaires pourront définir de futurs standards opérationnels. Parmi les équipements connectés se trouvent ainsi un siège affaires développé par Adient Aerospace (coentreprise entre Boeing et Adient lancée en 2018 et basée à Kaiserslautern, en Allemagne), le galley eSmart élaboré par Diehl Aviation ou encore des toilettes intelligentes.
Les principales retombées sont envisagées dans la maintenance, notamment grâce à un suivi continu de l’état des équipements, mais d’autres apports sont envisageables. Dans le cas du galley connecté, Jeff Roberts explique que celui-ci sera capable de présenter en temps réel la répartition des différents produits alimentaires à bord de l’avion, ce qui permettra aux personnels navigants commerciaux d’y accéder aisément. Le responsable Cabine et aménagements estime ainsi que les compagnies pourront optimiser les stocks embarqués – ce qui réduira le poids à bord – et diminuer le gâchis de l’ordre de 40%.
Projets multiples
La cabine connectée n’est pas le seul axe de travail. Boeing teste en effet pas moins de 50 projets technologiques différents, contre 37 l’an dernier. Un de ces axes porte sur l’aérodynamique avec des générateurs de tourbillons intelligents qui se replient en vol grâce à alliage à mémoire de forme thermosensible, ou encore l’utilisation du LIDAR pour améliorer la métrologie. Le travail sur les matériaux est au aussi au coeur des réflexions, avec la part belle donnée au recyclage.
Le dernier axe a trait à la modernisation de l’avionique et à l’amélioration de l’efficacité opérationnelle qui en découle. Le voyage entre Seattle et Francfort a ainsi été l’occasion pour Boeing de faire un vol optimisé, avec des opérations basées sur la trajectoire, une approche RNP avec une descente continue et l’utilisation accrue de la connectivité, avec des communications IP entre le système de navigation FANS de l’avion et le centre des opérations aériennes (AOC) plutôt qu’audio.