Les perspectives restent sombres pour Boeing, qui vient d’annoncer la clôture de son plan de départ volontaire et sa décision de licencier 6 770 personnes aux Etats-Unis rien que cette semaine. Mais l’avionneur a tout de même tenu sa promesse de reprendre la production du 737 MAX : elle a été relancée le 27 mai, après cinq mois d’interruption.
La cadence de production initiale sera très restreinte. Boeing a en effet plusieurs centaines d’avions déjà produits à livrer, la demande pour les avions neufs s’est considérablement affaiblie et la production est en cours de réaménagement. L’avionneur a expliqué qu’une douzaine de mesures ont été adoptées ces derniers mois et vont être mises en place avec le retour au travail. Elles portent sur une réorganisation des espaces de travail pour améliorer la sécurité, la productivité des collaborateurs et la qualité du produit. Elles interviennent après que plusieurs défauts de qualité ont été constatés sur les 737 MAX, notamment la présence de corps étrangers (FOD) dans les réservoirs carburant des ailes en février.
Surtout, l’appareil ne vole toujours pas et le programme s’achemine vers un nouveau report de ses essais avec les inspecteurs de la FAA – nécessaires pour valider les modifications apportées, notamment au niveau du système anti-décrochage (MCAS). Alors que la flotte mondiale de 737 MAX est immobilisée depuis mars 2019, Boeing avait un temps espéré un retour en service mi-2020 mais celui-ci pourrait désormais avoir à attendre l’automne. Aucune date n’est encore fixée pour le moment.
Boeing n’a pas indiqué quelle serait cette cadence basse de production initiale mais il spécifie qu’elle augmentera doucement. Dans une précédente annonce, il estimait pouvoir atteindre un rythme de 31 appareils par mois au cours de 2021. Le temps ne presse pas tant de toute façon. Après l’immobilisation du 737 MAX en mars 2019, l’avionneur avait continué à sortir une quarantaine d’appareils par mois de son usine de Renton, jusqu’à la fin de l’année. Plusieurs centaines d’appareils sont donc déjà prêts à être livrés.
A cette très mauvaise passe industrielle est venue s’ajouter la crise sanitaire actuelle, qui a encore empiré les conséquences sur le carnet de commandes du programme. Le mois de mars a vu l’annulation de commandes sur 150 appareils (dont 75 du loueur Avolon et 34 de GOL), tandis que le mois d’avril a vu 209 737 MAX disparaître du carnet (108 annulations et 101 engagements trop peu solides). En parallèle, les négociations se multiplient avec des compagnies aériennes aux abois et désireuses de reporter leurs livraisons.
Cependant, la reprise de la production du 737 MAX reste un signe encourageant pour l’industrie, en mal de nouvelles optimistes en ce moment. Elle accompagne le constat de certains clients de Boeing que les réservations commencent à reprendre le dessus sur les annulations, avec la réouverture même lente et prudente des économies. Et lors de cette reprise, les monocouloirs seront les premiers à reprendre sur service.