Boeing semble enlisé comme jamais dans ses problèmes de qualité. Alors que la production du 737 MAX est bridée en raison de l’incident survenu en début d’année sur un appareil d’Alaska Air, le département américain de la Justice a déclaré qu’il considérait que l’avionneur n’avait pas respecté les engagements qu’il avait pris en 2021 pour éviter des poursuites pénales liées aux deux accidents de 737 MAX en 2018 et 2019, ce qui l’expose au lancement de poursuites aujourd’hui.
En janvier 2021, Boeing s’était en effet engagé à « concevoir et mettre en oeuvre un programme de conformité et d’éthique visant à prévenir et à détecter les violations des lois américaines sur la fraude dans l’ensemble de ses activités ». Or le détachement en vol du bouchon de porte du 737-9 d’Alaska Air en janvier a fait apparaître un problème de qualité systémique, qui vient à l’encontre de cet engagement, selon le département de la Justice (DoJ).
Avant de décider d’éventuelles poursuites pénales pour les accidents de 2018 et 2019, le DoJ laisse jusqu’au 13 juin à Boeing pour apporter une réponse et précise qu’il est prêt à considérer les mesures mises en place par l’avionneur pour répondre à l’accusation. Une décision de poursuite doit être prise avant le 7 juillet – l’accord de janvier 2021 avait une validité de trois ans et laissait six mois supplémentaires au DoJ, à compter de son expiration, pour engager des poursuites pour non-respect de ses dispositions. Boeing estime quant à lui avoir honoré ses engagements.
Premier bilan des journées qualité organisées par Boeing
Depuis l’incident grave de janvier, l’avionneur a par ailleurs été obligé de renforcer considérablement son contrôle qualité. Etroitement surveillé par la FAA qui a gelé l’augmentation des cadences de production du 737 MAX jusqu’à nouvel ordre, il organise des journées qualité au sein de ses usines pour sensibiliser ses collaborateurs sur le sujet et recueillir leurs retours d’expérience afin de renforcer la sécurité et améliorer la qualité des produits. Il souligne que, depuis janvier, 70 000 collaborateurs de la division Boeing Aviation Commerciale ont interrompu leurs activités de production et de livraison durant une journée afin de se concentrer sur les axes d’amélioration dans ces domaines.
Parmi les principaux, figurent une amélioration de la formation et une meilleure disponibilité des outils. De nouveaux supports de formation ont déjà été ajoutés pour les fonctions Fabrication et Qualité, tandis que plus de 7 000 nouveaux outils et équipements ont été mis à disposition sur les chaînes de production pour faciliter le travail (sur tous les programmes). Un plan Sécurité et Qualité doit être soumis fin mai à la FAA.
Livraisons en berne en avril
Les conséquences sont encore lourdes sur la production. Alors que les cadences du 737 MAX sont gelées à 38 appareils par mois, Boeing produit encore beaucoup plus lentement. Seuls 24 appareils ont été livrés au mois d’avril, tous programmes civils confondus, répartis entre seize 737 MAX, deux 767, quatre 787 et deux 777F. Un rythme de livraison relativement stable depuis le début de l’année.
En parallèle, des commandes ont été enregistrées pour sept appareils : trois 787-9 pour El Al, ainsi que deux 777X et deux 787-10 pour des clients qui n’ont pas révélé leur identité. Dans le même temps, 33 appareils ont été rayés du carnet de commandes, principalement à cause de la faillite de Lynx Air.