Si ce dernier pas est franchi, le CSeries aura vraiment coûté très cher à Bombardier. A l’occasion de la présentation de son bilan préliminaire pour 2019, l’avionneur canadien a indiqué qu’il était en train de réévaluer sa participation à la Société en commandite Airbus Canada (SCAC), qui gère le programme A220. Si la décision est prise de sortir de cette coentreprise avec Airbus, le développement du CSeries aura coûté toute son activité Aviation commerciale à Bombardier.
L’avionneur explique en effet que la SCAC va avoir besoin de financements additionnels pour soutenir la montée en cadence de la production de l’A220. Indépendamment de l’effort financier que cela représente alors que la situation du groupe reste très fragile, Bombardier ne voit pas d’un très bon oeil le report de l’arrivée au seuil de rentabilité du programme et la baisse de son « rendement » sur sa durée de vie. « Cela pourrait réduire significativement la valeur de la coentreprise », indique-t-il dans un communiqué. L’impact est en cours d’évaluation et devrait être dévoilé lors de la présentation du bilan final pour 2019.
Après de lourds problèmes dans le développement et la commercialisation de la famille CSeries et après un premier sauvetage financier par le gouvernement du Québec, le programme avait été racheté par Airbus le 1er juillet 2018. L’avionneur européen détient actuellement environ 51% de la coentreprise SCAC, Bombardier 33% et le Québec 16%. L’accord prévoit pour le moment qu’Airbus puisse racheter la participation de Bombardier en 2025 et celle du gouvernement dès 2023, avec le maintien de la production au Canada jusqu’en 2041.
L’abandon du programme A220 ne serait que l’étape finale du désengagement de Bombardier de l’Aviation commerciale. Pour tenter de venir à bout de ses difficultés financières, l’avionneur a revendu le programme Q400 à Longview Aviation Capital, qui a ressuscité De Havilland Aircraft of Canada pour le gérer, puis le programme CRJ à Mitsubishi Heavy Industries, ainsi que plusieurs unités de production. Son programme de formation en aviation d’affaires a ainsi été cédé à CAE, les activités Aérostructures d’Irlande du Nord et du Maroc, ainsi que l’activité MRO sur les aérostructures à Dallas s’apprêtent à rejoindre le périmètre de Spirit Aerosystems, tandis que Latécoère vient de mettre la main sur la partie systèmes d’interconnexion et câblage de Queretaro.
Mais cela ne suffira peut-être pas. Bombardier a en effet lancé un avertissement sur ses résultats, qui devraient être moins bons que prévu. Endetté à hauteur de 9,3 milliards de dollars, le groupe doit également gérer le redressement de sa division Transport et indique examiner « de façon détaillée différentes solutions qui [lui] permettraient d’accélérer le remboursement de [sa] dette ». D’autres mesures sont donc à prévoir. Certains experts songent à une scission des activités, voire la vente de l’une des deux.