Alors que Bombardier a quasiment réalisé la moitié du chemin prévu dans son plan de redressement, le groupe commence à reprendre du poil de la bête. En témoigne cette déclaration d’Alain Bellemare, son PDG, lors de la conférence de présentation des résultats annuels : « je suis extrêmement fier de nos résultats 2017 ». Et pour cause : à chiffre d’affaires quasiment stable (en retrait de 1% à 16,2 milliards de dollars), le groupe a enregistré un résultat opérationnel de nouveau positif (246 millions de dollars contre une perte de 58 millions de dollars en 2016) et a presque divisé de moitié sa perte nette (à 553 millions de dollars). Mieux, cela fait désormais cinq trimestres consécutifs que la marge opérationnelle se situe au-dessus de 8%.
Les activités aéronautiques restent en difficulté. La division Bombardier Avions Commerciaux a perdu 9% en chiffre d’affaires (2,4 milliards de dollars) en raison de livraisons moins importantes que prévu, notamment sur les programmes CRJ (26 avions livrés) et CSeries (17 livraisons). Le premier voit un cycle de renouvellement de flotte se terminer, le second est touché par des retards de livraison des moteurs de la part de Pratt & Whitney. Le programme Q400 en revanche a été plus performant (30 livraisons) et 2017 a été l’occasion pour Bombardier de reconstituer le carnet de commandes du biturbopropulseur, ce qui permet de maintenir le backlog global à peu près stable. Toutefois, les perspectives restent à une production réduite en 2018.
La division devrait toutefois connaître un nouveau souffle une fois que la transaction avec Airbus sera conclue. « Pour le moment, nous sommes concentrés sur le CSeries. Lorsque le partenariat avec Airbus sera conclu, nous aurons l’occasion de porter davantage d’attention aux autres plateformes. Nous avons reconstitué le carnet du Q400, nous proposons une nouvelle cabine sur le CRJ. Nous verrons ce que nous ferons par la suite mais la priorité reste le CSeries », résume Alain Bellemare.
Transactions autour du CSeries
Ce partenariat avec Airbus – qui consiste en la prise d’une participation majoritaire dans la Société en commandite Avions C Series par l’avionneur européen – devrait être conclu cette année et Alain Bellemare estime que l’intégration sera rapide. Actuellement, les équipes sont en phase de planification, notamment sur l’établissement de la nouvelle chaîne de production à Mobile. « C’est une bonne stratégie d’avoir une chaîne de production aux Etats-Unis », juge Alain Bellemare. Son établissement devrait représenter un investissement de 200 à 250 millions de dollars.
En parallèle, la décision rendue par la Commission américaine sur le commerce international (USITC) au début de l’année « a ouvert la voie à la mise en oeuvre du contrat avec Delta Air Lines et les équipes travaillent pour mettre en place la logistique, le volume et le calendrier pour 2018 ». C’est lors de ces discussions que le lieu de production des 75 CS100 de la compagnie américaine pourrait être redéfini – l’USITC ayant publié un rapport le 14 février soulignant que certains voire tous les appareils devraient provenir des usines canadiennes, contractuellement parlant.
Si Bombardier n’exclut toujours pas que Boeing fasse appel du jugement de l’USITC, il espère que sa « victoire redonnera confiance à l’industrie ».
Une timide reprise dans le secteur des avions d’affaires
En ce qui concerne Bombardier Avions d’Affaires, la tendance a également été à la baisse du chiffre d’affaires : il est en recul de 14% et frôle les 5 milliards de dollars. Mais Alain Bellemare « est convaincu que nous avons touché le fond ». Si la baisse du nombre d’avions disponibles sur le marché de l’occasion et la hausse du nombre d’heures de vol sont de bons signes, Bombardier ne prévoit tout de même pas de hausse de livraisons en 2018 étant donné que cela ne s’est pas encore matérialisé en prises de commandes ni en hausse de tarifs – la valeur du carnet de commandes s’est réduite de 9%. « Les perspectives sont stables à court terme mais nous avons la flexibilité nécessaire pour nous adapter au marché et nous sommes prêts pour ce que nous attendons être un cycle haussier. S’il y a une amélioration, nous serons présents. »
Cependant, l’avionneur s’estime bien positionné pour 2018, avec l’entrée en service prévue du Global 7000 et un meilleur positionnement sur le marché des services après-vente (CA en hausse de 10% en 2017).
Ces deux premières années de plan de redressement ont été marquées par l’instauration des premières mesures de réorganisation et ont déjà commencé à porter leurs fruits. Mais 2018 sera une année charnière pour Bombardier, celle de l’exécution pleine. Une tendance porteuse est déjà en place et s’est traduite par un quatrième trimestre 2017 particulièrement réussi, qui semble se reproduire au premier trimestre 2018. Ainsi, Bombardier estime pouvoir augmenter son chiffre d’affaires d’un milliard de dollars au niveau groupe et repartir dans un cycle de croissance.