Depuis l’an dernier, Airbus avait annoncé travailler sur les suites à donner au X3 sans pour autant dévoiler son projet. C’est désormais chose faite avec la présentation du Racer (Rapid and cost-effective rotorcraft), le 20 juin au salon du Bourget. L’appareil sera un démonstrateur technologique destiné à prouver la compatibilité entre le concept d’hélicoptère rapide et des coûts d’opérations raisonnables. Il est développé dans le cadre du programme de recherche européen Clean Sky 2.
Le Racer doit ainsi être 50 % plus rapide et, dans le même temps, afficher des coûts opérationnels 25 % inférieurs par km/h. Il affichera une vitesse de croisière de 220 noeuds (407 km/h), avec une autonomie de 400 nautiques.
Successeur du X3
Le design du Racer reprend la formule du X3 avec un rotor principal et deux rotors auxiliaires contrarotatifs de part et d’autres du fuselage. Airbus Helicopters a néanmoins fait quelques modifications majeures. Les embryons d’ailes supportants ont été remplacés par une « box-wing » au profil aérodynamique. Jean-Brice Dumont, directeur de la R&D d’Airbus Helicopters, estime ainsi que la traînée induite sera réduite par rapport à la formule retenue sur le X3.
Les deux rotors latéraux ont aussi été l’objet d’une modification. Ils sont désormais situés en arrière des « box-wing ». Ils sont donc propulsifs, là où ceux du X3 étaient tractants. Ce choix a été essentiellement motivé pour améliorer la sécurité des passagers lors des embarquements et débarquements.
Le futur appareil reprend la motorisation du X3 avec deux RTM322 de Rolls-Royce et Safran Helicopter Engines, turbines qui offrent une puissance sur arbre de 2 100 à 2 600 chevaux. Elles équipent, entre autres, le NH90. Le motoriste français en profitera pour tester un « eco mode », avec un système de « start and stop ». Celui-ci doit permettre de couper et de remettre en route électriquement l’un des moteurs en vol. Cela permettra de réduire la consommation de l’appareil, ainsi que l’usure des moteurs, et donc de réduire les coûts d’opérations et de maintenance.
Prouver son utilité
Le Racer se positionne dans la gamme des appareils moyens-super moyens, considérée par Guillaume Faury, président d’Airbus Helicopters, comme le meilleur créneau pour introduire le concept. Il indique néanmoins que cette formule peut être pertinente pour des hélicoptères légers ou lourds. Une des contraintes est de ne pas surcharger la machine au détriment de ses performances. « La masse à vide du Racer a été étudiée pour préserver sa charge utile et son emport carburant. »
Le démonstrateur doit désormais prouver que le marché existe, comme l’indique Jean-Brice Dumont : « la recherche de vitesse est justifiée si elle apporte de la valeur au client ». Ce dont ne doute pas Guillaume Faury : « nous pensons qu’il y a un marché capable d’accepter 25 % de coûts en plus pour gagner 50 % de vitesse. »
Pour l’instant, Airbus Helicopters a montré trois exemples d’utilisation. Le premier porte sur les missions d’évacuation sanitaire (EMS) et de recherche & sauvetage (SAR), où le facteur vitesse peut être déterminant. Le deuxième porte sur le transport, notamment entre villes. Enfin l’hélicoptériste imagine une gamme d’applications parapubliques. Interrogé sur d’éventuelles missions militaires, Guillaume Faury ne ferme pas la porte mais indique qu’il est encore trop tôt pour y réfléchir.
Projet coopératif européen
L’investissement global pour ce projet est estimé à 200 MEUR, en partie financé par le programme de recherche européen Clean Sky 2. Outre Airbus Helicopters, il réunit 38 partenaires dans 13 pays de l’Union européenne. Parmi cette longue liste, on trouve bien sûr Safran pour les moteurs, mais aussi Triumph pour les actionneurs, l’ONERA pour les rotors latéraux et l’optimisation aérodynamique, ou Avio pour les boîtes d’accessoires (gearbox).
Airbus Helicopters travaille actuellement sur la revue préliminaire de conception. Elle doit être achevée cette année. Le design final sera gelé l’an prochain et la production doit débuter en 2019. Le premier vol est prévu pour 2020.