Les signatures des deux premiers contrats à l’export du chasseur multirôle Rafale ont évidemment eu un impact très favorable sur les résultats de Dassault Aviation. L’avionneur français, qui fête ses 100 ans cette année, affiche ainsi un bénéfice de 482 millions d’euros sur son exercice 2015 (+21% en données ajustées), dopé par les ventes de Rafale à l’Égypte (24) et au Qatar (24).
Le chiffre d’affaires de l’avionneur progresse quant à lui de 13,5% à 4,2 milliards d’euros, notamment par le fait que les ventes de Rafale à l’export comprennent aussi les parts destinées à Thales et à Snecma, mais aussi par la livraison des Mirage 2000 modernisés à l’Inde.
La valeur des prises de commandes a quant à elle plus que doublé par rapport à celle de 2014 pour atteindre 9,9 milliards d’euros, dont 83% à l’export. Le carnet de commandes a atteint les 14,2 milliards d’euros au 31 décembre, avec 83 Rafale (dont 45 pour l’export) et 91 Falcon restant à livrer.
Le PDG Dassault Aviation, Éric Trappier a par ailleurs détaillé le programme des prochaines livraisons de Rafale. Neuf appareils seront ainsi livrés en 2016, en comptant les 3 exemplaires réceptionnés en début d’année par l’Égypte, les 6 autres étant destinés à La France. L’avionneur s’attend ainsi cette année à un chiffre d’affaires qui devrait être inférieur à celui de 2015. Pour 2017, Éric Trappier a indiqué qu’il n’y aura que quatre livraisons de Rafale (1 pour la France et 3 pour l’Égypte), la montée en cadence démarrant à partir de 2018 et notamment avec les premiers exemplaires destinés à Doha.
Éric Trappier s’est également montré satisfait de la constante amélioration des résultats de Thales qui ont un impact favorable sur les comptes de l’avionneur, Dassault détenant aujourd’hui une participation de 24,90% dans son capital.
Une année difficile sur le secteur des avions d’affaires
Le PDG de Dassault Aviation a cependant souligné « l’année difficile » vécue par la gamme Falcon en 2015. Seuls 45 avions d’affaires auront été commandés l’année dernière (90 en 2014), avec une fin d’année marquée par « des signatures décalées » liées à la mauvaise conjoncture économique au Brésil en Russie et en Chine, mais aussi par une demande « plus plate » constatée aux États-Unis.
Pour ne rien arranger, l’avionneur a dû « purger » une commande de 20 appareils destinée à NetJets qui continuait à figurer sur son carnet, réduisant la valeur des prises de commandes d’avions d’affaires à seulement 1,602 milliards d’euros en 2015 contre 3,946 milliards un an plus tôt.
Le report de 2 ans du programme du Falcon 5X consécutif aux problèmes techniques rencontrés sur le réacteur Silvercest de Snecma est également un sujet d’inquiétude pour Dassault. « Il y aura des annulations de commandes » a déjà prévenu Éric Trappier, même si dans l’ensemble « les clients sont confiants ». Il a par ailleurs indiqué que la production du 5X était aujourd’hui gelée. « Il nous faut maintenant nous assurer que le Falcon 5X respectera son calendrier ». La certification du Silvercrest est attendue en 2018 et les premières livraisons du nouveau biréacteur à fuselage large sont prévues pour le 1er semestre 2020.
Le programme Falcon 8X progresse quant à lui « conformément à nos attentes ». Les avions d’essais ont désormais accumulé 450 heures de vol et 250 sorties et Dassault va se concentrer à la réussite de sa mise en service à partir du deuxième semestre. Cinq exemplaires du nouveau triréacteur à très long rayon d’action (6450 nautiques) sont déjà entrés en phase de complétion au centre d’aménagement de l’avionneur à Little Rock (Arkansas).
Les difficultés rencontrées au niveau des ventes d’avions d’affaires en 2015 devraient cependant encore se poursuivre cette année, Éric Trappier ayant d’ailleurs indiqué que les concurrents baissaient leurs prix. « Nous devons gagner la bataille de la compétitivité sur les ventes de Falcon » a-t-il déclaré, ajoutant que Gulfstream avait actuellement une politique particulièrement agressive sur ses modèles les plus anciens. Quant à Bombardier, dans une situation financière épineuse, « il s’agit pour eux d’une problématique d’avenir », l’avionneur canadien étant prêt à sacrifier ses marges.