Le chiffre d’affaires de l’avionneur affiche ainsi un léger recul au premier semestre, à 2,6 milliards d’euros (-13,6%) pour un résultat opérationnel ajusté de 55 millions d’euros, contre 250 millions d’euros lors des six premiers mois de l’année dernière. Évidemment, le nombre de livraisons de Rafale est en baisse sur le semestre, mais conforme « au trait » à ce qui est prévu pour l’année, alors que 13 exemplaires doivent être livrés cette année contre 26 l’année dernière. Le retour des livraisons de Rafale à la France n’est pas attendu avant 2022.
Mais Dassault a notamment souffert du « décalage » des livraisons de ses avions d’affaires (16 Falcon livrés dont le Falcon 2000LX destiné au DLR commandé il y a deux ans, contre 17 au premier semestre 2019), de la baisse des commandes liée à la crise sanitaire (5 Falcon depuis le début de l’année contre 7 à la même période l’année dernière, mais aussi de la baisse de l’activité après-vente pour l’aviation d’affaires alors que la flotte a logiquement été impactée par une diminution des heures de vol un peu partout sur la planète, conséquence directe de la pandémie.
Comme le précise Éric Trappier, le PDG de Dassault Aviation, « la crise nous a touché directement avec une activité aérienne qui a été réduite à sa plus simple expression » durant la période de confinement. L’avionneur a cependant continué à soutenir ses clients, mais a constaté « une baisse immédiate des ventes de pièces de rechange de par le monde », et alors que « les stations-service Falcon se sont vidées d’un coup ».
Conséquence des plus logiques, le carnet de commandes Falcon s’est érodé et ne comprenait plus que 42 appareils restant à livrer au 30 juin pour une valeur de 2 milliards d’euros (53 à la même période l’année dernière pour une valeur de 2,3 milliards d’euros).
(de droite à gauche) Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation et Loïk Segalen, Directeur Général Délégué, durant la présentation des résultats du premier semestre. Photo © Le Journal de l’Aviation
Dans ce contexte et face aux importantes incertitudes qui demeurent quant à la pandémie, et à ses conséquences économiques sur le marché de l’aviation d’affaires, Éric Trappier a annoncé une réduction de 25% du nombre de livraisons de Falcon pour l’année, désormais fixé à 30 appareils. Le PDG de l’avionneur note que le report des commandes et des livraisons va plonger Dassault Aviation dans une phase de sous-charge industrielle à partir de l’année prochaine, avec une adaptation de ses effectifs au regard de son carnet de commandes. « En fonction du retour de la commande Falcon, nous verrons comment adapter nos effectifs », a-t-il annoncé, précisant que le groupe aurait recours au dispositif d’activité partielle de longue durée.
Les incertitudes demeurent pour l’aviation d’affaires
Éric Trappier a cependant observé « une remontée forte de l’activité aérienne des jets d’affaires » depuis quelques semaines, « pour atteindre pratiquement 80% du niveau de l’année dernière à la même période », un phénomène bien plus marqué que pour l’aviation commerciale qui peine toujours à redécoller. « Ce sont généralement des vols plus courts, par exemple intra-américains, intra-européens ou intra-asiatiques, mais qui ont fortement augmenté en volume depuis quelques semaines » précise-t-il.
Il note aussi que les transactions sont en augmentation sur le marché de l’occasion, un signe encourageant pour les ventes d’avions neufs sur le plus long-terme. Le PDG de Dassault Aviation annonce aussi que contrairement à la crise de 2008, l’avionneur n’a pas subi d’annulation de commandes jusqu’à présent, mais seulement des reports de livraisons. « Cela ne veut pas dire qu’il n’y en aura pas » a-t-il cependant averti, notamment au regard de l’évolution de la situation sanitaire au niveau mondial.
L’objectif des 30 livraisons de Falcon cette année ne sera d’ailleurs tenu que si la pandémie ne se développe pas trop aux États-Unis a-t-il révélé. Il rappelle aussi que l’élection présidentielle américaine, qui se tiendra en novembre prochain, n’est pas un élément qui favorise la vente d’avions d’affaires neufs.
Premier vol du Falcon 6X au début de l’année prochaine
Le Falcon 6X a quant à lui bien avancé ces derniers mois malgré l’impact de la crise sur les activités de Dassault. Le nouveau biréacteur d’affaires est en effet prioritaire pour Dassault et il sera assurément un atout précieux en sortie de crise, avec son rayon d’action de 5500 nautiques (10 186km) et sa large cabine (hauteur de 1,98m, largeur de 2,58m). Son premier vol est prévu dès le début de l’année prochaine pour une entrée en service programmée pour le deuxième semestre 2022.
Le premier appareil est désormais assemblé à Mérignac et a été mis sous tension, avec le démarrage de ses premiers essais au sol (commandes de vols, systèmes électriques et hydrauliques, systèmes carburant…). Les appareils n°2 et n°3 sont quant à eux en phase terminale d’assemblage. Quant à la motorisation (PW812D de Pratt & Whitney), elle a désormais accumulé plus de 2 000 heures d’essais au sol et en vol (+200h), alors que son corps haute pression totalise quant à lui plus de 16 000 heures d’essais. Une deuxième campagne d’essai le banc volant de Pratt & Whitney est également en cours avec un réacteur qui sera monté sur l’avion n°1 pour son premier vol.
Le Falcon 6X est désormais sous tension à Mérignac. Photo © Dassault Aviation
Le développement du Falcon NX suit son cours mais sa présentation est décalée
Quant au futur Falcon en gestation depuis déjà plusieurs années et qui devait être présenté au cours du premier semestre, « la problématique Covid nous fait décaler, non pas son développement, mais son annonce, car si les clients ne peuvent venir voir, et contribuer à cette annonce, alors nous préférons la décaler en accord avec eux pour un moment où il sera plus facile de voyager » a déclaré Éric Trappier.
Aucun calendrier n’a été avancé et l’annulation de la convention annuelle de la NBAA qui devait se tenir en octobre prochain laisse désormais présager un report de sa présentation pour l’année prochaine.