Chiffre d’affaires record, résultat opérationnel record, Dassault Aviation signe une belle année 2019. Cette belle prestation est largement le fait de l’export militaire et institutionnel, que ce soit avec les Rafale ou les Falcon de missions. Comme prévu, la part de la France a été relativement réduite, si ce n’est la signature de quelques contrats significatifs. Enfin, les Falcon dévolus à l’aviation d’affaires ont continué de marquer le pas. Ces résultats ont été présentés le 27 février.
Dassault Aviation a signé un chiffre d’affaires 2019 qualifié « d’historique » par Eric Trappier, PDG de l’avionneur français. Il atteint 7,3 milliards d’euros, soit une croissance impressionnante de 44%. Fort de 26 livraisons de Rafale – avec les derniers exemplaires à l’Egypte et les premiers au Qatar et à l’Inde – la défense à l’export a été de loin la principale source de revenus, avec près de 60% du total (+30 points). Sans compter que Dassault Aviation a aussi livré quatre Falcon 2000 MSA au Japon et trois Falcon 7X à l’Australie.
A l’inverse, la suspension programmée des livraisons de Rafale à la France pendant trois ans (2019-2021) a réduit l’importance du marché domestique dans le chiffre d’affaires. Elles reprendront en 2022 pour les 28 Rafale encore à livrer à la France – avec l’intégration des premières briques du standard F4. Pour revenir à 2019, Dassault Aviation a tout de même livré les deux premiers ATL2 modernisés et le deuxième Falcon 50 SurMar à la Marine nationale.
La France s’est montrée bien plus proactive sur les prises de commandes. Celles-ci sont en hausse de 13% à 5,7 milliards d’euros. La défense représente près de 60% de ce total, à 3,4 milliards d’euros, dont 2,6 milliards pour la France. Cela comprend notamment la signature du contrat de MCO verticalisé RAVEL pour le Rafale, qui représente environ 10 milliards d’euros sur 10ans, ainsi qu’un avenant au contrat pour le développement du standard F4 de l’avion de combat français. Il faut y ajouter la commande de deux Falcon 8X, plus un en option, pour le programme Archange de guerre électronique.
Les Falcon toujours dans l’incertitude
Ce dynamisme contraste avec celui des Falcon pour l’aviation d’affaires, toujours confrontés à un marché compliqué à analyser du fait de son inconstance. Eric Trappier a annoncé un chiffre global de 40 livraisons, une de moins qu’en 2018, sans donner le détail entre les appareils destinés au marché civil et les avions multimissions. Ce résultat est inférieur aux prévisions avancées il y a un an, qui tablaient sur 45 appareils. Dassault Aviation a ainsi adapté son niveau de production pour conserver un ratio de commandes/livraisons (« book-to-bill ») égal à 1.
Le constructeur n’a en effet enregistré que 40 commandes de Falcon, soit deux de moins qu’en 2018. Il conserve ainsi une réserve de commandes (« backlog ») de 53 appareils à livrer, dont les deux Falcon 8X Archange. S’il reste inchangé en nombre d’appareils, ce backlog gagne en valeur pour atteindre 2,3 milliards d’euros (+9%), ce qui dénote de la vente de modèles plus haut de gamme (Falcon 6X/7X/8X).
Une marge confortable
Dassault Aviation a capitalisé sur cette hausse de revenus. Il présente un résultat opérationnel là aussi record de 765 millions d’euros, en croissance de 14%. Sa marge opérationnelle se situe à 10,4%. Elle est inférieure à celle de 2018, qui se situait à 13,2%. Eric Trappier s’est néanmoins empressé de rappeler que le résultat opérationnel de 2018 avait été gonflé par l’intégration de l’indemnité de 280 millions de dollars versée par Safran, soit environ 4 points de marge, en compensation des déboires du moteur Silvercrest qui avaient conduit à l’annulation du Falcon 5X. En dehors de cet apport exceptionnel, il estime ainsi que son groupe a amélioré sa rentabilité. Le résultat net est aussi en forte hausse de près de 20%, à 814 millions d’euros.
Pour 2020, Dassault Aviation prévoit la livraison de 40 Falcon ainsi que 13 Rafale, soit deux fois moins qu’en 2019. Cela devrait mécaniquement entraîner une baisse du chiffre d’affaires par rapport à 2019. Eric Trappier explique que cette réduction de la production de Rafale était prévue et fait partie de la temporalité des contrats, avec une remontée à 20 Rafale livrés en 2021. Le constructeur va néanmoins devoir signer de nouveaux contrats, alors que le carnet de commandes export ne compte plus que 47 appareils. Il compte pour cela sur les compétitions en Suisse et en Finlande, qui aboutiront début 2021, et les négociations avec l’Inde pour l’aviation et la marine.
Dans le même temps, la hausse des dépenses de R&D va se poursuivre. De 392 millions d’euros en 2018, elles ont atteint 527 millions en 2019 et dépasseront les 600 millions en 2020. Dassault Aviation doit en effet lancer les études pour le démonstrateur de chasseur de nouvelle génération NGF dans le cadre du programme SCAF, ainsi que pour le programme Archange, poursuivre le développement du standard F4 du Rafale, ou encore mener de front le développement du Falcon 6X (avec un premier vol début 2021) et du très attendu nouveau Falcon. Après beaucoup d’aguichage, ce dernier sera lancé cette année, probablement sous le nom de Falcon 9X.