Airbus vient de publier de solides résultats financiers pour l’année 2018, atteignant les objectifs fixés un an plus tôt. Les livraisons record d’avions commerciaux au cours du quatrième trimestre ont particulièrement payé, le groupe annonçant un chiffre d’affaires consolidé de 63,707 milliards d’euros, en augmentation de 8% par rapport à l’année précédente.
L’EBIT ajusté consolidé atteint 5,834 milliards d’euros, en progression de 83% par rapport à 2017, reflétant là aussi la bonne santé de l’ensemble des activités du groupe et en particulier pour la branche Commercial Aircraft (EBIT ajusté de 4,808 milliards d’euros, en progression de 102% par rapport à l’exercice précédent).
Les avions commerciaux d’Airbus tirent la croissance du groupe
Malgré la triste nouvelle de l’abandon de la production de l’A380 en 2021, « une décision pénible » pour Tom Enders, président exécutif d’Airbus, les résultats de la branche dédiée aux avions commerciaux tirent une nouvelle fois la croissance de l’ensemble du groupe aéronautique européen. Airbus a en effet livré 800 appareils l’année dernière, battant son précédent record de 2017 (718) : 626 monocouloirs de la famille A320 (68 de plus qu’en 2017) dont 386 monocouloirs remotorisés (205 de plus qu’en 2017), 46 A330 (67 en 2017) et trois A330neo (les premiers), 93 A350 (quinze de plus qu’en 2017, dont les premiers -900ULR), douze A380 (quinze en 2017) ainsi que vingt A220. A noter que le programme A220 (ex-CSeries) est désormais totalement intégré au périmètre Airbus depuis le 1er juillet dernier, date de la mise en place de la Société en commandite Avions CSeries (CSALP) avec Bombardier et Investissement Québec.
Le chiffre d’affaires de la branche a ainsi atteint les 47,970 milliards d’euros en 2018, en progression de 10% sur un an. Selon Airbus, la forte amélioration de la rentabilité s’explique par la combinaison de plusieurs facteurs : maturité de la production et meilleur effet prix pour l’A350 d’une part et montée en cadence et augmentation des prix pour la famille A320neo d’autre part. En revanche, le programme A380 aura eu un impact négatif net de 463 millions d’euros l’année dernière.
Pour Guillaume Faury, actuel président d’Airbus Commercial Aircraft qui prendra les commandes du groupe aéronautique européen en avril, le principal défi d’Airbus sera de poursuivre les montées en cadences de la gamme, et en particulier celle des monocouloirs de la famille A320ceo/neo. Airbus doit atteindre les 60 exemplaires par mois à partir de la mi-2019, puis les pousser à 63 appareils par mois en 2021.
Il faut dire que même si le book-to-bill a été inférieur à 1 en 2018 avec 747 commandes nettes (valeur de 41,5 milliards d’euros), le carnet de commandes atteignait les 7 577 appareils restant à livrer au 31 décembre 2018, en comptabilisant les 480 A220.
Airbus prévoit ainsi de livrer entre 880 et 890 appareils commerciaux en 2019, un nouveau record qui reste comparable aux objectifs de son concurrent Boeing (entre 895 et 905 avions en comptant les variantes militarisées des appareils commerciaux).
Airbus Defence & Space toujours pénalisée par l’A400M
La branche Defence & Space de l’avionneur affiche un chiffre d’affaires à 11, 06 milliards d’euros pour l’année 2018, en hausse par rapport à l’année précédente (+ 4%), une augmentation « soutenue » par les divisions Space systems et Military aircraft. Les prises de commandes pour les voilures fixes militaires s’élèvent à 8,44 milliards d’euros, résultant notamment de la signature des contrats Eurofigher pour le Qatar (24 exemplaires) et de quatre A330 MRTT (trois pour la France, un pour la Belgique dans le cadre du pool MMF), ainsi que deux satellites de télécommunication. Le carnet de commandes atteint quant à lui les 35,32 milliards d’euros.
Malgré d’assez bons résultats, les inquiétudes persistent, encore et toujours, à propos du programme A400M, dont la facture ne cesse de s’allonger. Une charge supplémentaire nette de 436 millions d’euros a été annoncée, qui vient s’ajouter aux précédentes provisions, à savoir 1,3 milliard d’euros en 2017. Le calendrier des livraisons a été honoré avec dix-sept livraisons, « il fallait souligner cette performance », nous a-t-on confié. Quant à la renégociation du contrat, entamée en février 2018 entre Airbus, l’OCCAR (Organisation conjointe pour la coopération en matière d’armement) et les nations clientes, elle a été clôturée fin décembre et doit à présent faire l’objet de l’approbation des gouvernements respectifs. Malgré tout, « des risques demeurent », indique l’avionneur dans son communiqué, notamment en raison des perspectives de vente à l’export, qui sont pour l’instant quasi-inexistantes.
La renégociation du contrat A400M devrait être finalisée « au cours des prochains mois », indique Airbus. Les discussions entre l’OCCAR, l’avionneur et les nations clientes avaient débuté en février 2018, avec l’objectif de remettre à plat le calendrier des livraisons des avions et des capacités tactiques. La date butoir avait été fixée à fin décembre, l’objectif a été atteint, c’est à présent aux gouvernements concernés de ratifier l’accord final.
Un bilan stable pour les hélicoptères malgré un environnement encore difficile
Du côté des voilures tournantes, Airbus Helicopters termine l’année 2018 avec un chiffre d’affaires de 5,93 milliards d’euros, en baisse de 6% par rapport à l’année précédente (6,34 milliards d’euros). Les prises de commandes nettes s’élèvent 6,34 milliards d’euros. Les livraisons de l’année passée ont connu une légère baisse par rapport à 2017 et plafonnent à 356 appareils (contre 409). Les commandes ont quant à elles augmenté et sont passées de 350 appareils en 2017 à 413 pour 2018, réparties entre 158 clients de 47 pays. Le H125 a atteint 162 commandes, suivi du H145 avec 121 commandes. Les différents clients ont également commandé des H130 (33), NH90 (29), H135 (27), Super Puma (dix-sept), H160 (quinze), Dauphin (cinq) et H175 (quatre). L’hélicoptériste affiche 54% de part de marché sur l’échiquier mondial.