La commande potentielle de Netjets portant sur jusqu’à 150 Cessna Citation Hemisphere vient de donner un sacré coup de fouet au Silvercrest de Safran Aircraft Engines, sortant le programme de l’incertitude après l’abandon du Falcon 5X l’année dernière. Très exactement deux ans après avoir été sélectionné par Cessna, le seul réacteur de nouvelle génération dans la classe des 9000 à 12000 livres de poussée revient donc en force sur la scène même si beaucoup de choses restent encore à faire pour satisfaire Cessna et son client, comme nous l’ont expliqué à Orlando Olivier Andriès, le PDG de Safran Aircraft Engines et Michel Brioude, le Responsable du programme Silvercrest.
Olivier Andriès a d’ailleurs tenu à préciser que des équipes de Textron et NetJets s’étaient rendues à Villaroche au cours du mois de septembre pour prendre connaissance de l’avancée du programme, « une visite importante qui a conduit à la fameuse annonce du 15 octobre », à l’ouverture du salon NBAA-BACE.
Concernant le correctif lié aux perturbations rencontrées au niveau du compresseur haute pression du Silvercrest, Michel Brioude rappelle que le problème a été constaté « sur une partie très limitée du domaine de vol, à haute altitude et à très basse vitesse, de l’ordre de 100 Kts », ce qui conduisait « à un manque de réactivité du moteur en agissant sur la manette de gaz ». Après avoir identifié l’origine du problème, les équipes du motoriste ont travaillé sur la méthodologie pour le corriger en début d’année. « Le processus a été validé en juin et cet été nous avons entamé la définition détaillée du modèle 3D pour les différents étages du compresseur haute pression » explique-t-il. « Les premières pièces vont être testées en décembre et en janvier, avec un compresseur finalisé qui commencera ses essais au deuxième trimestre, nous sommes dans les temps ».
Michel Brioude rappelle aussi que le Silvercrest ne part évidemment pas de zéro, ayant déjà accumulé plus de 9 000 d’essais et plus de 300 vols sur le GII d’essais opéré depuis San Antonio (Texas). Les « fleet leaders » affichent quant à eux 452 heures d’essai au sol et 290 heures d’essai en vol respectivement. Le moteur est exactement le même que celui du défunt Falcon 5X, à l’exception du nouveau compresseur haute pression. A noter aussi que selon le souhait de Textron, Safran ne livrera cette fois que le moteur et non l’ensemble propulsif (nacelle, inverseur…)
Concernant le calendrier du programme, Olivier Andriès a tenu à dire que celui-ci était pleinement partagé avec celui de Textron mais qu’il n’était pour l’instant pas rendu public. Seul l’objectif des essais pour juin prochain est communiqué. Safran Aircraft Engines a par ailleurs lancé un nouveau processus de certification auprès de l’EASA en août.
Mais Olivier Andries a également révélé que l’avancée du Silvercrest intéressait d’autres constructeurs d’avions d’affaires. « Vous comprenez bien que notre grande priorité c’est la mise en service du Silvercrest pour les besoins de Textron. Nous ne voulons pas être distraits pour l’instant. Cela étant dit, d’autres avionneurs se sont montrés curieux et demandent régulièrement où nous en sommes dans l’avancée du programme. C’est tout ce que je peux dire, ce moteur suscite l’intérêt mais il est trot tôt aujourd’hui pour aller de l’avant. Nous devons d’abord progresser avec Textron. » Le PDG de Safran Aircraft Engines rappelle d’ailleurs que le Silvercrest est la seule solution dans cette catégorie de poussée, ce qui signifie que ce moteur est optimisé pour ce segment de marché.