Le premier trimestre aura été très turbulent pour Embraer. L’avionneur brésilien a publié une perte de 292 millions de dollars sur la période, occasionnée par une forte baisse du chiffre d’affaires liée aux préparatifs pour la fusion de l’activité aviation commerciale avec Boeing (qui a échoué depuis), les prémices de la crise sanitaire et la dépréciation du real par rapport au dollar. Embraer souligne toutefois que tout n’est pas sombre dans son avenir : il n’a enregistré aucune annulation de commandes à ce jour, maintenant son backlog à un bon niveau de 15,9 milliards de dollars.
Le chiffre d’affaires sur la période a chuté de 23% à 633,8 millions de dollars. C’est notamment dû à une baisse des livraisons dans l’aviation commerciale, lors d’un trimestre traditionnellement morne de ce point de vue – cinq appareils ont été livrés, contre 11 l’année dernière à la même période, entraînant une chute de 50% du CA. Embraer a en effet suspendu les livraisons et mis une partie de ses collaborateurs en congé au mois de janvier afin de préparer le transfert de l’aviation commerciale à Boeing (qui devait en détenir 80% avant de dénoncer l’accord fin avril). Il a par la suite dû suspendre la production en mars en raison de l’épidémie de covid-19.
Mais la baisse du chiffre d’affaires a également concerné les secteurs de la défense et des services (dans une moindre ampleur), seule l’aviation d’affaires a tiré son épingle du jeu. Si là aussi le nombre de livraisons est moindre (neuf appareils au lieu de onze l’année dernière), la proportion entre jets légers et jets larges est beaucoup plus favorable.
En ce qui concerne le résultat opérationnel, il a suivi la même trajectoire à la baisse : l’EBIT est négatif de 46,9 millions de dollars (contre -15,2 millions en 2019), plombé par des éléments exceptionnels liés à la crise sanitaire.
Après l’échec du rapprochement avec Boeing, Embraer reste ouvert à la conclusion de nouveaux partenariats, aussi bien dans l’aviation commerciale que dans la défense (sur le KC-390) ou le projet de biturbopropulseur, de nouveau évoqué. Ceux-ci pourraient se tourner vers la Chine, l’Inde ou la Russie si une opportunité se présentait mais il est trop tôt pour décider quoi que ce soit. L’avionneur prépare actuellement son nouveau plan stratégique quinquennal, qui devrait être prêt dans quelques mois et envisagera cette question.
En attendant, pour faire face à la crise sanitaire, l’avionneur prend des mesures d’économies et de réduction de ses investissements. Mais il reste confiant : son niveau de liquidités est satisfaisant et la « situation est plutôt stable » pour 2020 et 2021 puisque seuls des reports de livraison ont été négociés à ce jour. Il considère également que des opportunités pourraient s’offrir aux avions régionaux puisque l’aviation régionale est la première à redécoller.