La tenue des prévisions de livraisons n’est pas une constante dans l’industrie aéronautique. Force est donc de reconnaître qu’Embraer a respecté les siennes en 2019. Avec 89 avions commerciaux et 109 jets d’affaires, l’avionneur brésilien est conforme aux fourchettes avancées dès janvier 2019. Il a ainsi augmenté ses livraisons globales de 9% l’an dernier par rapport à 2018. Pourtant les perspectives de sa division avions commerciaux, appelée à devenir Boeing Brasil – Commercial, sont précaires.
Là où il attendait 85 à 95 livraisons d’avions commerciaux en 2019, Embraer en a donc réalisé 89. Comme en 2018, où 90 appareils étaient sortis de chaîne, c’est l’E175 qui s’est taillé la part du lion avec 67 exemplaires. Les E190 et E195 arrivent en bout de course, avec respectivement cinq et trois livraisons.
La seconde génération d’E-Jets peine à prendre le relais, avec seulement sept E190-E2 et autant d’E195-E2 livrés. A la décharge de l’E195-E2, l’appareil est entré en service seulement en septembre 2019. En revanche, l’E190-E2 s’approche des deux ans d’opérations avec un total de seulement onze livraisons au compteur.
La fin programmée des E-Jets E1
Au final, ce décompte illustre bien la situation du carnet de commandes d’Embraer (« backlog »). L’E175 domine sans partage les débats avec une réserve de 181 appareils encore à livrer, plus 308 exemplaires en options. Et si le programme devra bien un jour laisser la place à l’E175-E2 – qui doit entrer en service à l’horizon 2022 – il continue à se vendre avec 44 commandes nettes enregistrées en 2019. Pour le reste des E-Jets de première génération, il ne reste que quatre E190 et aucun E195 à livrer. Les deux programmes s’arrêtent donc cette année.
Pour la deuxième génération, la tendance est clairement plus inquiétante. L’E190-E2 ne compte plus que seize appareils à livrer. Alors que les ventes sont quasiment au point mort, le programme a subi d’importantes annulations avec un recul net de vingt appareils en 2019. Son seul espoir actuellement réside dans les 61 options que compte son carnet de commandes.
L’E195-E2 se porte un peu mieux avec 137 avions à livrer (et 47 options). Le programme a enregistré 33 commandes nettes en 2019. Cela reste néanmoins léger pour engager une montée en cadence de façon pleinement sereine, même si E190-E2 et E195-E2 bénéficient d’une forte communalité.
Incertitudes sur la stratégie de Boeing
Cette situation inquiétante pose la question de l’avenir des E-Jets E2 au sein de Boeing Brasil – Commercial. Détenue à 80% par Boeing et seulement 20% par Embraer, la coentreprise pourrait profiter de la force de frappe commerciale du groupe américain pour se relancer.
Ses avions, notamment l’E175, ont déjà su convaincre largement les compagnies régionales aux Etats-Unis. Avec le coup de pouce de Boeing et une toujours possible modification de la « scope clause », les ventes pourraient redécoller. Le salut viendra peut-être de l’E175-E2, bien qu’il ne compte pas encore de commandes fermes.
En revanche, si Boeing n’a l’intention de déshabiller Embraer que pour des raisons stratégiques, sans réelle volonté de soutenir les E-Jets E2, les augures seront bien plus négatifs.
L’arrivée du Praetor a redonné de la vigueur à la division Executive Aviation. © Embraer
Les Phenom assurent, les Praetor décollent
La division avions d’affaires, appelée à devenir le coeur de l’activité d’Embraer, dégage plus de sérénité. Elle a fortement augmenté sa production pour passer de 91 appareils en 2018, qui fut plutôt une mauvaise année, à 109 l’an dernier. Ce qui représente une croissance de 20%. Le constructeur est donc parfaitement dans la fourchette haute de sa prévision, qui était de 90 à 110 appareils. Il n’a en revanche donné aucun détail sur ses commandes, comme il est de coutume.
Malgré un léger recul, les avions légers restent la cheville ouvrière d’Embraer avec 51 Phenom 300 et onze Phenom 100. La croissance vient en revanche des appareils de moyenne gamme. Si les Legacy 450/500 et 650 sont restés relativement stables, l’entrée en service des Praetor 500/600 a permis de livrer seize appareils supplémentaires.
Le mix entre appareils légers et moyens est ainsi bien plus favorable que les années précédentes. Ces derniers étant généralement plus rentables, c’est assurément une bonne nouvelle pour Embraer.