Une fois n’est pas coutume, le F-35 a atteint un objectif dans les temps. Avec la livraison d’un 66e exemplaire le 15 décembre, Lockheed Martin est ainsi en adéquation avec le plan de production établi en partenariat avec les pays clients et ses partenaires industriels. Le constructeur a ainsi réussi à surmonter la suspension des livraisons pendant 30 jours par le Pentagone cet automne, après la découverte de problèmes de corrosion sur la flotte en service. Il revendique désormais 265 F-35 livrés dans quatre pays : États-Unis, Royaume-Uni, Australie, Italie, Pays-Bas Japon, Norvège et Israël.
Le F-35 reprend ainsi sa montée en cadence. Avec 66 livraisons en 2017, c’est une augmentation de plus de 40 % par rapport aux chiffres des deux années précédentes. Seuls 45 appareils avaient été livrés en 2015, et 46 en 2016. Pour l’instant, la production est toujours en phase initiale avec une cadence basse (LRIP). L’objectif est d’arriver à plein régime en 2023, avec 160 avions livrés chaque année.
Pour y arriver, Lockheed Martin renforce ses capacités de production. Il annonce ainsi avoir embauché 1 300 personnes supplémentaires depuis janvier dernier sur son site de Fort Worth (Texas). Il confirme vouloir encore recruter 500 personnes, pour atteindre son objectif initial de 1 800 embauches.
Le constructeur améliore aussi son outil industriel, souvent décrié en raison de ses coûts et ses temps de production prohibitifs. Il aurait ainsi « retenu la leçon » et renforcé l’efficacité de ses procédés et le niveau d’automatisation, amélioré ses équipements et ses installations et mis en place des initiatives pour renforcer sa chaîne d’approvisionnement. Il estime avoir réussi à réduire le besoin de travail manuel de manuel sur l’avion de 75 % en cinq ans et le temps de production de 20 % depuis 2015.
Ce travail, associé à la mise en place d’économies d’échelle et l’amortissement de l’investissement initial, se répercute naturellement sur les coûts de production. Le prix d’un F-35A aurait chuté de 60 % par rapport à la première commande passée en 2007 (LRIP 1, pour deux appareils). Dans le lot 10 de production initiale à cadence basse (LRIP 10, pour 90 appareils), commandé en février dernier, le prix de l’avion était ainsi de 94,6 millions de dollars, moteur compris. Il reste néanmoins du chemin, l’objectif étant d’atteindre un prix unitaire 80 millions de dollars en 2020. Malgré des réductions effectives de coûts, les prix des F-35B/C sont encore au-dessus des 120 millions de dollars.
Avec l’augmentation des livraisons, les chiffres d’utilisation augmentent aussi naturellement. Le F-35 cumule désormais 115 000 heures de vol depuis décembre 2006. Ce sont 30 000 heures de plus qu’au 21 mars dernier. De même, 530 pilotes et 5 000 techniciens sont désormais formés. Le rythme est donc en nette amélioration. Il faut espérer pour les forces utilisatrices du F-35 que le développement des capacités suivra.