(Actualité Farnborough 2018) Mis à l’écart du programme franco-allemand FCAS, tancé sévèrement par l’allié historique américain et bientôt hors de l’Union européenne, le Royaume-Uni a à coeur de prouver qu’il peut encore exister par lui-même. La présentation au premier jour du salon de Farnborough (du 16 au 22 juillet) du programme Tempest – appelé à devenir le système de combat britannique de sixième génération – revêtait donc une saveur toute particulière.
Annoncé au dernier moment, l’événement n’a pas eu de mal à faire salle comble au sein du chalet de BAE Systems. Personne ne s’attendait en effet à découvrir une maquette grandeur nature d’un concept d’avion de combat de sixième génération britannique. Baptisé donc Tempest, il se veut, comme la plupart des projets actuellement en cours, un système de systèmes capable d’interopérer au sein d’un écosystème composé d’avions de combat « classiques », de drones, de systèmes au sol, d’armements connectés. Il doit ainsi donner naissance au successeur de l’Eurofighter Typhoon à l’horizon 2035, ainsi qu’à une nouvelle doctrine d’emploi.
Imposant avec une vingtaine de mètres de long, le Tempest se présente comme un biréacteur doté d’une voilure à mi-chemin entre le delta et le diamant, avec une cassure au niveau du bord de fuite. Sans empennages horizontaux, il possède une double dérive avec un angle ouvert. Plusieurs choix qui semblent dictés par la recherche de furtivité. De même, sa motorisation est entièrement intégrée afin de réduire son empreinte thermique et sonore. Côté avionique, on annonce un cockpit virtuel, centré autour d’un viseur de casque.
Un projet encore très en amont
Cette maquette ne reste pour l’instant qu’un concept qui pourrait s’éloigner de ce que sera finalement le programme Tempest – deuxième du nom si l’on tient compte du Hawker Tempest qui équipa la Royal Air Force dans les années 1940. Il s’agissait avant tout de marquer les esprits et réaffirmer la capacité britannique à construire un programme national.
Qu’il ressemble ou non à la maquette présentée, le programme Tempest devrait néanmoins structurer une partie de la recherche britannique pour les vingt ou trente années à venir. Il est partie prenante du Future Combat Air System Technology Initiative (FCAS TI), au même titre que le projet de drone de combat FCAS/SCAF franco-britannique. Ce programme de R&D, lancé en 2015 avec un investissement de deux milliards de livres sterling, doit permettre de définir ce que sera l’arme aérienne britannique de demain.
Le Tempest se veut le fruit d’un partenariat à égalité entre le ministère de la Défense britannique (UK MoD) et l’industrie. Un accord a ainsi été trouvé pour que l’investissement et les risques soient ainsi partagés « fifty-fifty » entre les deux parties sur les éléments-clefs.
Outre le UK MoD, la Tempest Team regroupe ainsi BAE Systems, qui devrait être appelé à devenir le maître d’oeuvre du projet et être en charge de la structure et l’intégration des systèmes, Rolls-Royce pour le système de puissance intégrée qui regroupe la propulsion, la génération de puissance électrique et le contrôle thermique pour l’ensemble de l’appareil, Leonardo pour les systèmes de guerre électronique, les capteurs et l’avionique, et enfin MBDA pour l’armement (le futur appareil ayant d’ailleurs été représenté en train de tirer un missile Meteor).
La porte a aussi été laissée ouverte pour de futurs partenaires européens. Si aucun nom n’a filtré, Saab – dont des personnels assistaient à l’événement – doit déjà regarder dans l’entrebaillure.
Le concept Tempest dévoilé à la surprise générale à Farnborough. © L. Barnier / Le Journal de l’Aviation – tous droits réservés