A nouveau mis à mal par un énième rapport de la Cour des comptes américaine (GAO – Government accountability office), Lockheed Martin s’est voulu confiant lors du premier jour du salon de Farnborough, qui se tient du 16 au 22 juillet. Lors d’une conférence de presse, Greg Ulmer, vice-président et directeur général du programme, s’est employé à tranquilliser son audience sur le développement et la production de son avion de combat.
Le dirigeant a tout d’abord rappelé que le F-35 avait connu ses premiers déploiements opérationnels, où « il avait fait tout ce pourquoi il était conçu et plus, en particulier dans la connectivité et la gestion du champ de bataille ».
Sur un plan davantage industriel, Greg Ulmer a annoncé que le programme d’essais en vol de développement – « probablement le plus complet et le plus sûr de l’histoire » – était désormais achevé avec succès. Il ne néglige pas pour autant le fait qu’il reste du travail : « Le département d’essais en vol a encore de travail à faire. Maintenant que le programme d’essais est achevé, il termine toutes les certifications d’armements, en particulier pour tous les différents partenaires et les clients FMS. »
Nouveau standard
Lockheed Martin livre désormais tous ses appareils au Block 3F, standard qui est censé intégrer pour la première une suite logicielle complète, qui doit permettre à l’appareil d’intégrer la totalité des capacités militaires attendues. Greg Ulmer a d’ailleurs confirmé que la Royal Air Force se préparer à octroyer sa capacité opérationnelle initiale (IOC) au F-35B, ce qui devrait être fait d’ici la fin de l’année.
Le patron du programme affirme que le F-35 va continuer à gagner en capacités avec l’intégration de nouveaux systèmes. Il estime ainsi que la mise en service d’un système distribué de capteurs optroniques (DAS – Distributed Aperture System) de nouvelle génération développé par Raytheon – en remplacement de l’AN/AAQ-37 de Northrop Grumman – va permettre de doubler les performances et quintupler la fiabilité.
Le mouvement devrait se poursuivre à un rythme élevé jusqu’en 2020, avec la préparation du Block 4, prévu à l’horizon 2023. Il faudra néanmoins composer avec le GAO, qui juge prématuré le lancement des contrats pour ce nouveau standard au vu des coûts qu’il pourrait engendrer.
Gagner en cadence et en coût
Côté production, Greg Ulmer revendique là aussi une montée en puissance. Il s’appuie pour cela sur le fait que Lockheed Martin ait réussi à atteindre son objectif de 66 livraisons en 2017 et qu’il continue à tenir la distance depuis : « fin juin, nous étions pile dans les temps pour atteindre le nombre de livraisons prévues sur l’année », soit 91 appareils. Le constructeur a ainsi passé la barre symbolique des 300 appareils livrés il y a tout juste un mois.
La montée en cadence doit se poursuivre avec 130 avions livrés en 2019, 140 à 145 en 2020 jusqu’à atteindre la pleine cadence en 2023, soit 160 appareils. Avant d’atteindre cet objectif, Lockheed Martin doit d’abord résorber un certain nombre de risques identifiés par le GAO, sous peine de voir là aussi le Pentagone reporter le passage à la pleine cadence de production (RFP) et la signature d’un premier contrat sur plusieurs années. Pour l’instant, cette décision est attendue en octobre 2019.
Au-delà de la cadence, l’enjeu pour le constructeur sera aussi de continuer à réduire les coûts. Greg Ulmer indique une diminution de 60 % du coût unitaire entre 2007 et 2016 et annonce poursuivre l’objectif d’un coût d’acquisition de 80 millions de dollars pour un F-35A d’ici 2020.
Lockheed Martin continue pour cela de travailler sur sa chaîne d’approvisionnement, et la rationalisation de certains partenariats avec les fournisseurs, à travers des initiatives comme les Plans directeurs pour l’accessibilité (Blueprints for affordability). Greg Ulmer déclare que la première itération est bientôt achevée, avec à la clef quatre milliards de dollars d’économies sur la vie opérationnelle du F-35. Le deuxième doit permettre de préserver deux milliards de dollars supplémentaires et le troisième est en préparation.
L’enjeu du soutien
De même, le dirigeant affirme que le coût du soutien opérationnel diminue sensiblement, du fait de l’accroissement de la flotte, de l’amélioration de la fiabilité mais aussi d’un important travail réalisé depuis 24 mois avec de nombreuses investigations. Celui-ci a notamment porté sur l’accroissement de la disponibilité des pièces, l’optimisation de la maintenance, et l’amélioration du Système d’information logistique autonome (ALIS – Autonomic Logistics Information System) avec des mises à niveau plus légères mais plus fréquentes.
Alors que le taux de disponibilité des F-35 semblait figé autour de 50 %, Greg Ulmer revendique grâce à ces mesures un taux de 60 % pour les appareils entrés en service depuis 2015, voire 70 % pour certains d’entre eux.