L’US Air Force réaffirme sa confiance dans le concept de moteur à cycle adaptatif (ACE) à triple flux de GE Aviation. Elle vient ainsi d’attribuer, fin juin, une modification de contrat de 437 millions de dollars au motoriste pour qu’il continue son travail de définition et de démonstration d’un moteur destiné à équiper les avions de combat de sixième génération. Elle fait suite à un contrat initial de près d’un milliard de dollars passé en juin 2016.
Le premier contrat passé établissait la conception, la fabrication, l’intégration et les essais de plusieurs moteurs adaptatifs complets de 45 000 livres de poussée jusqu’en 2021, afin de faire monter en maturité un certain nombre de technologies. Il entrait ainsi dans le cadre du Programme de transition pour moteurs adaptatifs (AETP), mené en collaboration avec le laboratoire de recherche de l’US Air Force (AFRL) depuis 2016.
Cette modification de contrat fait basculer le programme dans une phase de réduction de risques. Elle doit durer jusqu’en mars 2022. Elle doit préparer à une campagne d’essais avec des moteurs complets en 2019, qui marqueront la fin de l’AETP. Un nouveau programme devrait alors prendre le relai pour conduire à des essais en vol.
Un développement de longue haleine
GE et l’AFRL devraient recentrer leurs efforts autour d’un concept plus précis au cours des prochains mois. Ils ont en effet testé de multiples technologies et combinaisons entre 2007 et 2017, avec les programmes de Technologie de moteurs adaptatifs polyvalents (ADVENT), puis de Développement de la technologie des moteurs adaptatifs (AETD) à partir de 2012, et enfin AETP depuis 2016.
GE annonce ainsi avoir « conçu et testé avec succès plusieurs configurations de soufflantes adaptatives à triple flux, un banc d’essai de compresseur avancé, deux générateurs de gaz à échelle réelle et un démonstrateur technologique complet de moteur à cycle adaptatif à trois flux ». Des essais ont ainsi eu lieu sur un moteur F414 – qui équipe habituellement les F/A-18E/F Super Hornet – à partir de fin 2014.
Il faut ajouter à cet ensemble le programme de Technologie de propulsion adaptative pour la supériorité aérienne (ADAPT). Celui-ci a pour but d’adapter ces différentes avancées à un générateur de gaz, ainsi que de faire monter en maturité leurs processus de fabrication, afin de pouvoir en tirer des applications opérationnelles.
L’objectif final de ces différents programmes est donc de préparer les moteurs de la future génération d’avions de combat, mais aussi une éventuelle remotorisation du F-35 au cours de la prochaine décennie. Les démonstrateurs doivent donc pouvoir être adaptables sur la baie initialement destinée au moteur F135 actuel.
Un face-à-face avec Pratt & Whitney
GE n’est pas le seul à convoiter ces juteux marchés. Pratt & Whitney est également partie prenante des programmes AETP et ADAPT, avec son propre moteur à triple flux adapté du F135. Le prochain programme devrait permettre à l’US Air Force de finaliser son choix entre GE et Pratt & Whitney, pour une sélection définitive à l’horizon 2022.
Pour GE, il s’agirait d’une formidable opportunité de revenir au premier plan après l’éviction définitive de son F136 (en partenariat avec Rolls-Royce) par le Pentagone en 2011, ainsi que sa non-sélection pour le B-21 en 2016. Deux revers encaissés face à Pratt & Whitney. A l’inverse, une victoire du motoriste du groupe UTC en ferait le champion incontesté des moteurs militaires américains, à l’instar de Lockheed Martin pour les avions de combat.