Le marché de l’emploi semble difficile pour les PME, même lorsqu’elles connaissent un développement aussi rapide et réussi que JPB Système. La société française, spécialisée dans les systèmes autofreinants, cherche à faire grossir ses équipes basées à Villaroche et recruter plusieurs profils industriels et administratifs : un directeur administratif et financier, des soudeurs, des tourneurs-fraiseurs et des personnes à l’assemblage notamment. Cinq postes sont à pourvoir.
JPB Système est en effet en pleine croissance. Après avoir décuplé sa taille en sept ans – passant de 1,3 million d’euros de chiffre d’affaires et trois employés en 2009 à 12 millions d’euros et une cinquantaine de personnes en 2016 -, elle a concentré ses efforts sur l’automatisation de ses moyens de production en 2017 et s’apprête à vivre une nouvelle période de croissance forte à partir de 2018 et jusqu’en 2020, date à laquelle elle vise un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros. Les perspectives de recrutement sont donc plutôt bonnes.
Pourtant, Damien Marc, le dirigeant de la société, peine à trouver ses candidats. « Il y a un très mauvais fléchage des possibilités d’emploi qui existent chez JPB », regrette-t-il. Après avoir publié une annonce pour un poste de soudeur sur des sites d’emploi généralistes et être allé jusqu’à recruter, en vain, un chasseur de tête, il l’a diffusé sur LinkedIn et a trouvé deux profils qualifiés. Il a également trouvé sa gestionnaire de stocks via Facebook : « elle avait toutes les qualifications, habitait à 10min du site mais n’avait jamais entendu parler de JPB ! »
Ce sera donc l’un des nouveaux travaux de Damien Marc : faire connaître JPB Système en Seine-et-Marne, son bassin d’emploi. « Nous visons le bassin de Villaroche car cela nous donne plus de chances de toucher les jeunes. » Il prévoit déjà de se rendre dans des lycées pour présenter l’entreprise et la faire visiter aux étudiants à l’aide de lunettes de réalité virtuelle. Et l’expérience n’est pas un critère prioritaire : « quand je vois une personne courageuse et qui en veut, je lui donne sa chance. Je fais partie de ces diplômés qui n’ont pas trouvé de travail et j’ai passé six mois sans rien parce que je n’avais pas assez d’expérience. »
Par ailleurs, JPB Système fait partie de la troisième promotion de bpifrance, « qui choisit des sociétés qui sont capables de doubler ou tripler leur taille dans les prochaines années », les accompagne dans leur développement et leur ouvre tout son réseau. Elle est ainsi ambassadrice de la FrenchFab, autant de titres qui vont lui permettre de mieux se faire connaître et qui ont d’ailleurs permis à Damien Marc d’intervenir dans l’émission Good Morning Business sur BFM business le 17 novembre.
Quant au travail en lui-même, il se déroule dans une usine extrêmement automatisée, dont la nouvelle ligne de production a été lancée au printemps et sur laquelle il reste des ajustages à réaliser. Elle compte six robots capables de fabriquer entièrement des pièces jusqu’à l’ébavurage en y entrant simplement la matière première et n’a besoin que de deux opérateurs pour fonctionner. Le contrôle qualité et le marquage sont également automatisés. « Nous avons robotisé tout ce qui n’est pas du temps de valeur ajoutée pour l’opérateur, qui peut ainsi s’occuper de plusieurs machines » et est davantage mobilisé par la résolution des problèmes.
Si la supervisation d’une ligne de production automatisée peut paraître un travail ennuyeux sur le long terme, Damien Marc affirme qu’il n’a pas encore ressenti cela auprès de ses équipes. Probablement est-ce dû à la façon de les manager et à la taille de la structure, qui permet d’impliquer davantage les employés. Lui estime que toute cette numérisation est attrayante pour les jeunes salariés. Par ailleurs, « un nouveau robot arrive tous les trois mois donc il y a toujours des choses à régler ». Enfin, JPB Système incite ses employés à faire des suggestions, des propositions, de trouver des axes d’amélioration, bref à être de véritables acteurs dans leur entreprise et non de simples observateurs. Et si la société est dotée d’un bureau d’étude de sept à huit personnes, tout le monde participe lorsqu’un nouveau projet est lancé.
De même, le poids de la hiérarchie n’est pas écrasant : « les opérateurs sont complètement autonomes et responsabilisés. Lorsqu’ils arrivent le matin, ils prennent chacun la tablette qui leur est dédiée et programmée en fonction de leurs compétences, ils voient ce qu’il y a à faire et hiérarchisent eux-mêmes les tâches en fonction de l’urgence. »
Quant aux perspectives à plus long terme, il suffit de visiter l’usine de Villaroche pour voir que JPB Système ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Les installations sont en effet déjà prêtes pour accueillir une seconde ligne de production. Par ailleurs, la robotisation permet de maintenir un rythme de production soutenu la nuit si besoin. A cela s’ajoutent les installations en Pologne, opérationnelles depuis quelques années mais où JPB Système établit un site miroir de celui de Villaroche avec quatre machines, dédié à la production de composants qui sont ensuite assemblés en France. Ce site miroir devrait être opérationnel en début d’année 2018 et ne fera peser aucun risque sur l’emploi en France. La production en double source rassure en effet les donneurs d’ordres en garantissant la régularité des livraisons et permet de réduire les coûts, occasionnant la signature de nouveaux contrats. « Nous n’avons jamais été autant chargés que depuis qu’il y a l’usine en Pologne. »
Enfin, la stagnation de l’industrie aéronautique attendue en 2020 n’effraie pas JPB Système. Déjà parce que cette stagnation se fera à un niveau élevé. Ensuite parce que Damien Marc songe déjà à une diversification, par exemple sur des pièces de train d’atterrissage, d’APU, d’ailes, dans les domaines naval ou nucléaire, ou dans le secteur de la compétition automobile. Il espère ainsi porter les effectifs de la société à 80 personnes à cet horizon.