Ce n’est un secret pour personne, la Chine est un terrain de jeu tout indiqué pour les acteurs du secteur aéronautique désireux de booster leur croissance. Les perspectives en termes d’augmentation de la flotte sont une belle promesse de développement pour les industriels qui réussiront à s’y implanter. Liebherr ne s’y est pas trompé et le groupe s’est installé dans le pays dès 1978 ; sa filiale Liebherr Aerospace a suivi sa maison-mère en 2000 et compte désormais trois sites, qui ne demandent qu’à croître.
L’équipementier est actuellement présent à Zhuji, où il a une activité axée sur les systèmes d’air conditionné, à Changsha, où Liebherr LAMC Aviation (une coentreprise créée avec une filiale d’AVIC) produit les trains d’atterrissage sur les programmes chinois, et à Shanghai. Les installations de Pudong abritent le siège de Liebherr Aerospace China (LAC) et comptent 37 employés. Là sont gérées les relations avec les clients, la maintenance des équipements opérés dans la flotte chinoise et le support aux lignes d’assemblage du pays.
Premier objectif : développer l’activité MRO
Liebherr Aerospace a trois grands domaines de compétences : les systèmes de trains d’atterrissage, d’air et de commandes de vol. Ils sont présents sur les appareils de tous les avionneurs, volent donc intensivement en Chine et représentent un important potentiel en maintenance. « Toutes compagnies aériennes chinoises opèrent des avions avec nos composants à bord », souligne Nicolas Bonleux, le directeur général de l’équipementier. Air China, China Eastern, China Southern, Hainan Airlines… sont toutes clientes par exemple pour l’entretien des systèmes de leurs A320, A330 ou A380 et bientôt A350. Tianjin Airlines, le plus grand opérateur chinois d’E-Jets, a également choisi LAC pour la maintenance des trains d’atterrissage de sa flotte Embraer.
Et avec une flotte qui devrait passer de 2 880 appareils en 2015 à 7 720 en 2035 (prévisions Boeing), la croissance de l’activité MRO est assurée. Or, déjà aujourd’hui, tous les composants volant en Chine ne peuvent pas y être traités. « Nous allons donc investir de façon importante pour pouvoir réparer de plus en plus de composants en service en Chine. » Un premier pas a été franchi avec l’ouverture d’un nouvel atelier MRO à Pudong, inauguré le 4 novembre.
Deuxième objectif : développer la base clients, côté avionneurs
Les lignes d’assemblage final locales ont également besoin des compétences de Liebherr Aerospace pour installer les équipements sur les appareils et établir les documentations associées. L’équipementier travaille aujourd’hui avec la FAL A320 d’Airbus à Harbin, mais aussi les FAL de la COMAC à Pudong (puisqu’il fournit les systèmes de train d’atterrissage et d’air de l’ARJ21 et du C919), et celle d’Avicopter à Harbin (pour le système d’air de l’AC312).
Mais les perspectives vont encore plus loin. « La Chine devient de plus en plus concepteur d’avion. Il y a l’ARJ21, le C919, l’AC312 et maintenant le long-courrier sino-russe. Les négociations ont déjà commencé. Notre ambition est d’être sélectionnés pour nos trois grands domaines de compétences », indique Nicolas Bonleux.
Troisième objectif : développer les partenariats avec les industriels locaux
Le lancement de nouveaux programmes va par ailleurs être l’occasion pour Liebherr Aerospace de renforcer ses liens avec la chaîne de fournisseurs locaux, voire d’établir de nouvelles co-entreprises sur le modèle de Liebherr LAMC Aviation. Le réseau de fournisseurs est déjà assez dense, notamment parce que se fournir localement était l’une des conditions pour entrer sur les programmes chinois.
Ainsi, LAC travaille ainsi avec Tianjin Aviation Electro-mechanicals pour les capteurs, avec China National Erzhong Group pour certaines pièces forgées de trains d’atterrissage, Xinxiang Aviation Industry Group pour les valves ou Nanjing Engineering Institute of Aircraft Systems pour les valves, tuyaux, échangeurs thermiques des systèmes d’air… Ils représentent 5 à 10% des fournisseurs selon les programmes.
Et inversement, ces relations déjà établies avec les partenaires chinois devraient soutenir Liebherr Aerospace dans son développement local. Car « nous savons que beaucoup d’autres programmes vont venir. Celui du long-courrier sino-russe a été annoncé mais d’autres ne l’ont pas été », affirme Nicolas Bonleux. « Nous allons essayer de nous positionner sur ces nouveaux programmes. Nous sommes convaincus que nos technologies peuvent apporter une grande contribution à l’avenir de l’industrie chinoise. »