Le monde ne s’est pas arrêté pour l’université de technologie de Delft. Au contraire, elle a poursuivi ses développements sur le Flying-V, en partenariat avec KLM, et a pu franchir une étape-clef : une maquette de l’avion à faible consommation, de 22,5 kg et 3 mètres d’envergure, a réalisé son tout premier vol. Il a eu lieu le 1er septembre sur une base allemande, en partenariat avec Airbus qui a rejoint le programme, et a été un succès.
« Les calculs ont montré que le décollage pouvait être passionnant. Nous avions adapté la maquette à cela, mais vous ne savez vraiment ce qui se passe que lorsque vous volez réellement », a commenté le docteur Roelof Vos, chef du projet. Après des essais approfondis en soufflerie et des essais au sol aux Pays-Bas, les derniers préparatifs ont été plutôt importants la semaine précédant le vol, avec le besoin de déplacer le centre de gravité de l’avion et de réparer l’antenne pour améliorer la télémétrie.
Le jour J, l’objectif était de réussir à décoller, de réaliser quelques manoeuvres et d’atterrir lorsque les batteries commenceraient à faiblir. Dans les faits, la rotation était bonne et a eu lieu à une vitesse de 80 km/h, la poussée était satisfaisante, les vitesses et les angles de vol conformes aux prévisions. Les défauts qui ont été identifiés et demanderont d’affiner la conception sont un roulis hollandais et des vibrations trop importants, qui ont abouti à un atterrissage trop dur. Mais les données recueillies durant ce vol – et les prochains – permettront de travailler en parallèle sur une maquette numérique. L’une des prochaines étapes est également de faire voler la maquette avec du carburant d’aviation durable.
Le Flying-V avait été présenté par TU Delft et KLM lors de l’assemblée générale de l’IATA en juin 2019. L’idée est de proposer un avion long-courrier en forme de V (croisement des concepts d’aile volante et de fuselage ovale), avec la cabine, la soute et les réservoirs carburant intégrés aux ailes. Le Flying V-900 présenté alors devait avoir des capacités (passagers et fret) similaires à celle de l’A350-900 tout en consommant 20% de carburant en moins, juste grâce à ce design.
Depuis, de nouveaux partenaires ont rejoint le projet. « On ne peut pas rendre le secteur de l’aviation plus durable par ses propres moyens, mais il faut le faire ensemble », affirme Pieter Elbers, le PDG de KLM. Parmi les plus éminents à s’être impliqués figure désormais Airbus.
Avec ces nouveaux soutiens, les objectifs peuvent être encore plus ambitieux. Le Flying-V avait initialement été pensé avec les concepts de motorisation actuels mais il était déjà envisagé dès le départ d’adopter les nouvelles configurations plus durables lorsqu’elles seraient prêtes. TU Delft affirme désormais que son appareil semble adapté pour les futures solutions à l’hydrogène liquide, piste de recherche privilégiée en Europe.