Le bilan de 2019 n’a pas encore été tiré mais le GIFAS peut d’ores et déjà tabler sur une année de croissance dans tous les domaines. Même sans salon du Bourget, 2020 devrait être tout aussi intense, aussi bien en France que dans le monde. Le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales garde ses défis traditionnels à relever concernant par exemple l’emploi ou le renforcement des collaborations à l’échelle européenne (notamment dans les domaines militaire et spatial), reste préoccupé par les incertitudes liées au Brexit qui perdurent mais travaille également à mieux s’adapter aux nouveaux défis.
Le premier d’entre eux est la problématique environnementale, qui s’est imposée de façon écrasante à l’industrie en 2019. Si le sujet était déjà prioritaire aux yeux des industriels, qui travaille dessus depuis plusieurs années, le parcours vers une aviation décarbonée va devoir mieux se structurer. A son échelle, le GIFAS travaille à une feuille de route qui sera élaborée et coordonnée dans le cadre du CORAC (Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile) et présentée aux autorités et à la DGAC cette année. Le CORAC fixera les grandes voies vers les ruptures technologiques indispensables pour atteindre les objectifs fixés par l’OACI à long terme et permettra de fédérer plus facilement plusieurs industriels autour d’un sujet, sans pour autant rejeter tout projet individuel. Malgré tout, le GIFAS rappelle que l’enjeu est mondial, qu’il faut donc trouver des solutions internationales et que la France voire l’Europe ne peuvent pas agir seules.
La donne géopolitique reste également une préoccupation pour les industriels de l’aéronautique. En plus de l’instabilité persistante dans certaines régions, les guerres commerciales entre les Etats-Unis et la Chine d’une part et les Etats-Unis et l’Europe d’autre part perturbent le marché. « La bagarre entre Airbus et Boeing n’est pas seulement une bagarre de forme, elle est bien réelle », rappelle Eric Trappier, le président du GIFAS, évoquant les sanctions économiques de Washington à l’encontre de l’avionneur européen. Dans ce contexte, il appelle de nouveau de ses voeux une Europe qui se donne les moyens de peser dans le jeu mondial, « pas seulement grâce à son marché mais aussi grâce à ses outils stratégiques », comme la défense, pour qu’elle puisse gagner en autonomie et s’impose. « Si la guerre commerciale s’intensifie, comment l’Europe pourra-t-elle défendre les intérêts des industries stratégiques pour relever les grands défis de demain, en R&T, en défense et dans le numérique ? », plaide-t-il.
Enfin, les difficultés de Boeing, principalement sur le 737 MAX, commencent à avoir des répercussions sur les équipementiers et les PME français. Si Patrick Daher, en temps que président du GEAD (Groupe des Équipements Aéronautiques et de Défense), reconnaît que la crise du MAX « est un choc important pour la supply chain française mais n’est pas un choc létal », Christophe Cador, président d’Aero PME, se montre plus soucieux. Il indique que 50% des PME françaises s’estimaient potentiellement touchées avant l’annonce de l’arrêt de la production mais que, depuis cette annonce, une trentaine avait signalé des « problèmes très significatifs », voire menaçants pour leur survie. Il précise que la plupart des entreprises concernées travaille dans le secteur de la fabrication de pièces moteur – CFM International étant le motoriste exclusif de l’appareil.