Safran a clairement mieux résisté aux effets de la crise liée à la pandémie de Covid-19 sur les opérations des compagnies aériennes entre juillet et septembre et peut désormais confirmer ses objectifs financiers pour l’ensemble de l’année (baisse des recettes de 35%, marge opérationnelle courante de 10% sur son chiffre d’affaires, et génération d’un cash-flow positif au deuxième semestre). Les différentes mesures prises par groupe aéronautique français pour abaisser le point mort de l’ensemble de ses activités, toutes impactées par la crise, se sont avérées payantes, et même si des incertitudes demeurent encore pour le quatrième trimestre compte tenu de l’évolution du trafic aérien.
Safran a ainsi enregistré un chiffre d’affaires de 3,382 milliards d’euros au troisième trimestre, en baisse de 44,5 % par rapport à la même période 2019, mais stable par rapport au trimestre précédent (3,384 milliards d’euros). L’activité moteurs civils de Safran Aircraft Engines, qui représente pratiquement la moitié des revenus du groupe souffre toujours de la baisse importante des livraisons de moteurs neufs (-48,8% au troisième trimestre, -47% en organique). Le motoriste table toujours sur un total de 800 livraisons pour les réacteurs LEAP cette année.
Philippe Petitcolin, le directeur général de Safran, voit cependant des signaux positifs « au milieu de toutes ces mauvaises nouvelles » et en particulier avec l’amélioration de l’activité services pour les moteurs civils, qui a été significative au mois de septembre. La perspective du retour en service du 737 MAX de Boeing, motorisé par des LEAP-1B, avec « American Airlines qui propose un premier vol le 29 décembre » et « Boeing qui prévoit d’en livrer plusieurs dizaines avant la fin de l’année ».
« Ce sont de bonnes nouvelles pour Safran, mais cela n’aura pas vraiment d’impact en 2021 » a-t-il cependant voulu nuancer, rappelant que les objectifs de livraisons des réacteurs LEAP demeuraient de l’ordre de 800+ pour l’année prochaine compte tenu de l’important nombre d’avions déjà produits et qui seront prioritaires pour Boeing. « 2022 devrait être pour nous le début de la reprise pour le LEAP » a-t-il annoncé.
Les services restent en souffrance, mais il y a du mieux
Mais toutes les activités liées aux services après-vente, particulièrement rémunératrices dans des temps normaux pour Safran, continuent évidemment de subir de plein fouet les baisses de trafic des opérateurs un peu partout sur la planète, à l’exception notable de la Chine et de son réseau intérieur qui affiche désormais un niveau équivalent à plus de 95% de celui de la période pré-Covid. Tous secteurs confondus, les activités après-vente ont enregistré un chiffre d’affaires en baisse de 33,1 % (-33,5 % en organique) au troisième trimestre pour représenter 60,6 % des ventes du groupe.
Philippe Petitcolin note cependant une nette reprise des services pour l’activité moteurs civils, avec une diminution du chiffre d’affaires de seulement 56,2% (-66% au deuxième trimestre), toujours en rapport avec les ventes de pièces de rechange pour les moteurs CFM56 lors des visites en atelier. Les cycles de vol de la flotte de CFM56 accusent toujours une baisse importante de 48 % par rapport à la même période de 2019, mais l’amélioration par rapport aux chiffres de fin juillet (-52 %) est significative.
La flotte de réacteurs LEAP-1A (A320neo) affiche quant à elle un niveau d’activité relativement conséquent sur le trimestre, compte tenu des avantages opérationnels à faire voler les avions les plus récents et les plus économes en carburant durant cette période par rapport aux autres. Les cycles de vol hebdomadaires de la flotte de LEAP sont ainsi en baisse de seulement 15 % par rapport à la même période l’année dernière. Safran précise aussi que pour les réacteurs de forte puissance et en particulier pour les GE90, les ventes de pièces de rechange et les contrats de service ont baissé d’une façon moins importante qu’initialement anticipée durant le trimestre.
Pour les services liés aux équipements aéronautiques, le chiffre d’affaires accuse une baisse de 41,1% par rapport à la même période l’année dernière (-38,2 % en organique), représentant 30,1 % des ventes au 3e trimestre 2020. Cette baisse des services concerne en particulier les freins carbone, les trains d’atterrissage, les nacelles (principalement pour l’A320neo et l’A380) et, dans une moindre mesure, les activités d’Aerosystems. Enfin, l’activité services pour la branche Aircraft Interiors reste très fortement impactée par la crise chez les compagnies aériennes, avec une chute de 64,9 % des ventes (-61,9% en organique), que ce soit pour les sièges, les équipements cabine (monument et inserts pour galleys) ou les activités de modifications et de MRO. Cette activité est logiquement très fortement exposée à la situation des gros-porteurs.