Ce n’est un secret pour personne, l’aéronautique peine à recruter. Ce constat a été une nouvelle fois formulé par Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation et président du Gifas, lors d’une conférence de presse de présentation du salon du Bourget, le 4 juin à Paris. Les industriels du secteur entendent donc bien capitaliser sur cette semaine d’exposition accrue, qui se tiendra du 17 au 23 juin, pour tenter de renforcer leur attractivité en particulier auprès des jeunes générations.
La principale action de promotion s’articulera autour de la quatrième édition de l’Avion des métiers, qui « n’a jamais été autant d’actualité », selon Eric Trappier. Il couvrira cette année une zone de 3 000 m², avec 70 exposants venus du monde industriel et de la formation pour présenter leurs filières. Quinze métiers, de la conception, de la production et de la maintenance y seront mis à l’honneur.
L’accent sera notamment mis sur l’innovation au sein de l’aéronautique. Il s’agit de casser l’image négative des professions de l’industrie, à commencer par les métiers manuels qui sont aujourd’hui « loin de la mine » ou « des romans de Zola » comme l’explique Eric Trappier et Patrick Daher, président de Daher et nouveau commissaire général du salon. Il s’agit ainsi d’attirer les jeunes générations, plus intéressées par la « tech » et le numérique que par l’industrie, mais aussi de convaincre les parents qui sont, pour Patrick Daher, « les premiers prescripteurs en matière de carrière ».
Actions de promotion
Cet espace doit ainsi accueillir pas moins de 5 000 élèves du secondaire tout au long du salon, soit 2 000 de plus qu’en 2017, venus de 200 établissements de toute la France (dont un tiers d’Île-de-France). Ils seront encadrés par des étudiants en écoles d’ingénieurs aéronautiques avec des visites guidées afin de faciliter leur « plan de vol » au sein des différentes zones de l’Avion des métiers – jugé un peu complexe il y a deux ans. Les étudiants post-bac bénéficieront quant à eux d’un accès gratuit au salon le vendredi 21 juin.
Sur place, ils pourront prendre contact avec les 44 établissements de formation à l’aéronautique présents : lycées professionnels, centres de formation d’apprentis (CFA), écoles d’ingénieurs, instituts universitaires de technologie (IUT), etc.
Les recruteurs seront aussi largement présents. Pas moins de 22 000 offres d’emplois seront présentées sur place par des entreprises ainsi que les armées. C’est plus du double d’il y a deux ans. Il faut y ajouter 5 000 propositions de contrats en alternance et 8 000 offres de stages. Ces annonces seront présentées au sein de l’Avion des métiers en temps que tel, mais aussi pour la première fois dans l’Avion des métiers dit « hors les murs », c’est-à-dire directement chez les exposants français au sein du Hall 2.
Besoins croissants
Si le Gifas a mis les bouchées doubles, c’est que les besoins sont énormes. Et ce aussi bien chez les ouvriers que chez les techniciens ou les ingénieurs. Après avoir oscillé entre 10 000 et 12 000 recrutements annuels pendant plusieurs années, l’industrie aéronautique monte en puissance en cette fin de décennie. Les entreprises membres du Gifas ont réalisé 15 000 embauches en 2018 (+25% par rapport à 2017, au-delà des prévisions) et espèrent en faire autant en 2019. Cette demande vient du renouvellement naturel – avec près de 20% des effectifs ayant 55 ans et plus – mais aussi de la croissance. Plus de 4 000 emplois nets ont ainsi été crées en 2018.
Il faut ajouter à ce bilan 7 300 alternants, en contrats de professionnalisation et d’apprentissage, comptabilisés début 2019 (+7% par rapport à début 2018). Ce nombre est en progression constante depuis 2010, et la barre des 8 000 personnes devrait être franchie en 2020.
Cela ne devrait pourtant pas permettre de couvrir l’ensemble des besoins du secteur, d’autant que les chiffres donnés ne concernent que les 400 sociétés membres du Gifas, qui emploient 195 000 personnes. Les effectifs de l’ensemble de la filière, intérim compris, sont estimés à environ 350 000 personnes. On peut donc facilement supposer que les besoins réels sont encore plus importants.