L’aviation d’affaires est toujours à la peine. Les chiffres de l’Association des constructeurs de l’aviation générale (Gama) pour l’année 2017 confirment la tendance entrevue en octobre dernier, pendant la convention américaine de la NBAA : les signes positifs se multiplient, mais la reprise se fait toujours attendre. Même s’il existe des nuances entre les livraisons de turbopropulseurs et celles de jets d’affaires, la tendance générale reste baissière pour la troisième année consécutive. Le marché est ainsi à son plus bas niveau depuis 2011. Le marché des hélicoptères semble lui aller mieux (voir encadré).
Avec 1 239 avions en 2017, les constructeurs d’avions d’affaires ont vu leurs livraisons diminuer d’un peu moins de 1 % par rapport à 2016. On pourrait ainsi parler d’une certaine stabilité, mais si on compare ce chiffre avec les années antérieures, force est de constater que la baisse est significative. Le nombre de livraisons recule ainsi en moyenne de plus de 2 % par an depuis 2014, soit une chute de près de 90 exemplaires en trois ans.
Avec seulement 563 avions livrés, le marché des turbopropulseurs a baissé de 3 % par rapport à 2016. Dans le même temps, celui des jets est reparti très légèrement à la hausse avec 676 appareils (+1 %). Mais là aussi, cette embellie ne résiste pas à l’examen sur un temps plus long. La chute de 2 % par an en moyenne des livraisons depuis 2014 se retrouve aussi bien chez les turbopropulseurs que chez les jets.
La valeur totale de ces appareils livrés est estimée à 19,5 milliards. C’est une chute de près de 4 % par rapport à 2016, encore plus rapide que celle du nombre d’appareils livrés. La valeur moyenne des avions est donc plus faible qu’il y a quelques années. Elle se situe à 2,6 millions de dollars pour un turbopropulseur et 26,3 de millions pour un jet. Si on se réfère là aussi à 2014, ces valeurs se situaient respectivement à 3,1 et 30,5 millions de dollars.
Bien qu’il ne s’agisse que d’estimations, cette tendance traduit le repli des clients vers des modèles d’avions plus petits, moins onéreux. Le segment des appareils haut de gamme est notamment touché. Alors que depuis les crises de 2008 et 2011, il était considéré comme la valeur sûre du marché, résistant aux fluctuations, il est aujourd’hui en perte de vitesse. Cela se ressent aussi bien chez Gulfstream et Dassault que Bombardier.
Tout cela n’a pas empêché Pete Bunce, P-DG de la GAMA, de dresser un constat général assez positif : « Les résultats de fin d’année 2017 ont été encourageants, en particulier avec la croissance des livraisons que nous avons constatée dans les segments des avions d’affaires, des avions à pistons et des hélicoptères. En ce qui concerne l’avenir, nous sommes optimistes compte tenu de certains indicateurs économiques très positifs, de la stabilisation du marché des avions d’affaires d’occasion, des nouvelles techniques de fabrication stimulées par la fabrication d’additifs et des technologies aérospatiales novatrices… »