Ce ne sera une surprise pour personne, Boeing a publié des résultats déficitaires pour l’année 2019. L’ampleur des pertes était la seule interrogation qui pesait encore. Touché de plein fouet par la crise du 737 MAX, le groupe américain enregistre près de deux milliards de déficit opérationnel. La chute semble encore plus vertigineuse lorsqu’elle est comparée à la réussite des années précédentes, notamment 2018 où Boeing avait signé des résultats record. Et elle devrait encore se répercuter en 2020 et au-delà.
Conséquence directe de l’arrêt des livraisons du 737 MAX à partir de mars 2019, un quart du chiffre d’affaires de Boeing s’est envolé par rapport à 2018. Il s’est ainsi établi à 76,6 milliards de dollars pour le groupe. Cette baisse s’est répercutée sur le résultat opérationnel, qui accuse donc une perte de 1,98 milliard de dollars, contre un bénéfice 12 milliards l’année précédente. De même, le résultat net est passé du positif au négatif, de 10,5 milliards en 2018 à -636 millions de dollars en 2019.
Le 737 MAX, l’origine du mal
Dans le détail, la branche Commercial Airplanes – qui n’a livré que 380 avions en 2019 contre 806 l’année précédente – n’a généré que 32,3 milliards de dollars de revenus (-44%). Le bénéfice opérationnel de 7,8 milliards en 2018 a laissé la place à un déficit de 6,7 milliards l’an passé, pour une marge négative de -21%.
Ces résultats ont été largement impactés par les 8,3 milliards de dollars de « charges avant impôt liés aux concessions potentielles estimées et autres considérations pour les clients » sur l’année en raison de l’immobilisation des 737 MAX. Il faut y ajouter 6,3 milliards de coûts additionnels pour la production des 737, dont la cadence est passée de 52 appareils par mois à 42 en avril. Malgré cette baisse, le constructeur maintient sous cocon environ 400 avions en attente de livraison.
Même si le 737 MAX reprend du service en milieu d’année prochaine, il faudra encore de longs mois pour que la situation redevienne nominale. Alors que la production des appareils est à l’arrêt depuis bientôt un mois, et au moins pour quelques semaines encore, Boeing prévoit « environ 4 milliards de dollars de coûts de production anormaux qui seront passés en charges à mesure qu’ils seront engagés, principalement en 2020 ».
Le militaire stagne, les services progressent
La division Defense, Space & Security a stagné avec un chiffre d’affaires de 26,2 milliards de dollars (-1%) malgré d’importantes livraisons d’AH-64 Apache (neufs et modernisés) et de ravitailleurs KC-46A. Son résultat opérationnel s’améliore en revanche de 57%, à 2,6 milliards de dollars. Et ce malgré une charge de 410 millions de dollars pour le programme Commercial Crew de la Nasa, Boeing ayant subi un demi-échec lors du lancement de sa première capsule CST-100 Starliner (inhabité) CST-100 Starliner en décembre.
Boeing Global Services fait figure d’exception avec une hausse de 8% de ses revenus, à 18,5 milliards de dollars. La division publie un résultat opérationnel de 2,7 milliards, en croissance de 6%, mais avec une marge légèrement amoindrie (-0,3 point) « principalement en raison d’une charge liée au retrait de la marque Aviall ».