Alors que la menace d’intrusion de drones dans le trafic aérien devient de plus en plus prégnante, l’Organisation européenne pour l’équipement de l’aviation civile (Eurocae) a décidé de s’emparer du sujet afin de définir des standards pour lutter contre ce phénomène. Le groupe de travail WG-115 « Anti-drone », dit C-UAS, a été créé fin 2019. Sa première réunion s’est tenue en décembre avec 44 participants venus de 36 organisations, dont l’EASA et Eurocontrol, sous la direction d’Indra. Le groupe espagnol l’a lui-même annoncé mi-janvier.
L’objectif du WG-115 est de permettre « une mise en oeuvre sûre et harmonisée des systèmes de lutte anti-drone » chez les différents acteurs européens, à commencer par les aéroports et les prestataires de services de la navigation aérienne (ANSP). Il se concentre ainsi dans un premier temps sur le milieu aéroportuaire, mais son domaine d’intervention pourrait être étendu à de nouveaux secteurs, notamment les zones urbaines, par la suite.
Plusieurs axes de travail ont été retenus. Sa première tâche sera de déterminer « les exigences opérationnelles générales et les hypothèses concernant l’utilisation prévue et les utilisateurs attendus ». A partir de là, le WG-115 devra définir les standards pour la détection et la surveillance des drones. Cela passera par exemple par l’établissement des performances minimales requises pour les systèmes dédiés à cet effet. Il établira des standards d’interopérabilité avec les systèmes de détection existants.
Le groupe sera ensuite confronté à quelques limites. Il ne planchera pas directement sur la définition de standards pour la détection coopérative des cibles par plusieurs capteurs. En revanche, il travaillera sur l’exploitation par les systèmes de surveillance des informations recueillies par ces capteurs multiples. De même, les moyens de neutralisation sortent de ses attributions, mais les interactions entre les systèmes de surveillance et ces outils coercitifs font partie de son spectre.
Cette définition de standards européens fera aussi l’objet d’une collaboration internationale. Le WG-115 travaillera ainsi avec le comité SC-238, son homologue américain récemment créé par la RTCA (American Radio Technical Commission for Aeronautics). Des échanges sont aussi prévus avec l’OTAN et l’Agence européenne de défense (EDA).
Les travaux du WG-115 vont durer jusqu’en 2021. Trois rapports devraient être produits à l’issue de cette période : la définition du concept opérationnel lié à ce type de systèmes (C-UAS), la spécification des exigences de performance pour la détection des UAS non coopératifs, et la spécification des exigences d’interopérabilité avec les systèmes existants.