Dans le monde de l’aviation commerciale, il y a Airbus et Boeing… et il y a les autres. Une situation qui se retrouve naturellement au salon du Bourget, où il est difficile pour les constructeurs régionaux d’exister face à l’accaparement de l’espace médiatique par les deux géants. Pourtant, depuis le début de la décennie, ATR a trouvé le moyen de se signaler à chaque édition du plus grand événement aéronautique du monde.
Si les années 2000 avaient été marquées par les difficultés – le constructeur franco-italien avait même frôlé la disparition – les années 2010 ont été celles du renouveau. Alors qu’en 2009, ATR abaissait ses prévisions de livraisons, il annonçait des records de commandes en 2011, puis rebelote en 2013. Et le succès de la série -600 s’est poursuivi en 2015. Cette année fut aussi marquée par une première commande au Japon et la vente du 1 500e ATR.
C’est donc avec un certain étonnement, voire une pointe de déception, que les différents observateurs ont constaté que la présence d’ATR sur ce salon 2017 serait limitée : pas de chalet, ni d’annonces de commandes en cascade. Le constructeur n’a même pas gardé la primeur de l’annonce de la commande géante d’Indigo pour le Bourget. Ce contrat pour 50 appareils, évalué à 1,3 Md$ selon les prix catalogue, a ainsi été dévoilé le 9 mai.
Pourtant ATR a su garder quelques atouts dans sa manche pour faire parler de lui. Le 19 juin, jour de l’ouverture de ce salon du Bourget 2017, il a annoncé coup sur coup ses deux premières commandes en Chine. Tout d’abord Shaanxi Tianju Investment Group a signé une lettre d’intention (LoI) pour dix ATR 42-600. Il a été suivi par la compagnie Xuzhou Hantong Airlines qui s’est engagée (LoI) pour trois ATR 42-600. Les premiers exemplaires arriveront dans l’Empire du Milieu en 2018.
ATR entre ainsi sur un marché au potentiel énorme, au vu de sa population, de l’émergence de sa classe moyenne, de sa taille et de son manque de transports régionaux. Et la Chine semble bien décidé à combler son retard en la matière. Elle a ainsi lancé la « Belt and Road Initiative » pour renforcer ses infrastructures.
Et le pays a surtout mis fin, en octobre 2016, à la taxe de 17 % sur les importations d’avions de moins de 25 tonnes. Cette mesure, destinée à protéger les avions locaux comme le MA600, le MA700 ou encore l’ARJ21, a fermé pendant des années l’accès au marché chinois pour les constructeurs occidentaux. Ce qui a grevé le développement de l’aviation régionale dans le pays. Cela semble désormais fini pour le plus grand bonheur d’ATR, qui n’a pas mis longtemps avant d’en profiter.