Largement porté par la croissance de sa branche Aeronautics, Lockheed Martin est allé décrocher un chiffre d’affaires de 51 milliards de dollars en 2017. Cette croissance de plus de 8 % par rapport à l’exercice précédent ne peut néanmoins dissimuler un affaissement de la rentabilité du groupe. Cela ne l’a pas empêché de dégager 6,5 milliards de liquidités, son record.
Le résultat opérationnel consolidé n’est pas incriminé avec une croissance de 6,7 % et un bénéfice de 5,9 milliards de dollars. En revanche, le groupe d’aéronautique et de défense américain a perdu près des deux tiers de ses bénéfices nets par rapport à 2016, passés de plus 5,3 milliards à 2 milliards de dollars. De fait, il a vu sa marge nette s’effondrer de près de 7 points, à 4 %.
Lockheed Martin explique une partie de cette chute par une charge exceptionnelle de 1,9 milliard de dollars, principalement attribuable à la mise en place du Tax Cuts and Jobs Act de 2017 par le Congrès américain. Celui-ci est pourtant censé doper la compétitivité fiscale des entreprises américaines. Et cela n’explique pas l’intégralité de cette chute du résultat net.
L’aéronautique se porte bien
Avec plus de 20 milliards de revenus générés en 2017 et une croissance de 13 % par rapport à 2016, l’aéronautique a conforté sa première place parmi les diverses activités de Lockheed Martin. Une fois n’est pas coutume, c’est le F-35 qui est largement à l’origine de ce bon résultat. Pour rappel, Lockheed Martin a atteint son objectif de 66 appareils livrés l’an dernier, soit une augmentation de 40 % par rapport à ses performances de 2015 et de 2016. Cela a permis au constructeur d’engranger 2 milliards de dollars supplémentaires. La hausse de la production de C-130 (26 en 2017 contre 24 en 2016) et l’accélération des chantiers de modernisation des F-16 ont permis de compenser la baisse des livraisons de C-5 (7 contre 9) et de F-16 neufs (8 contre 12).
Au contraire des autres branches, Aeronautics a aussi réussi à préserver sa rentabilité. Elle affiche un résultat opérationnel de 2,2 milliards en hausse (+14,7 %), avec une marge stable de 10,7 % (+0,1 point). L’augmentation de la production du F-35, pourtant toujours en phase initiale avec une cadence basse (LRIP), a largement contribué à cette performance.
La division Rotary and Mission Systems – qui produit aussi bien des hélicoptères, que des drones ou des systèmes de commandement et de contrôle (C2) – est aussi en croissance. Son chiffre d’affaires atteint 14,2 milliards de dollars, avec une croissance de 6 % par rapport à 2016. Cette performance est grandement le fait de Sikorsky, avec entre autres l’augmentation du volume de commandes passées précédemment. En revanche, le résultat opérationnel diminue très légèrement à 905 millions de dollars (-0,1 %) et la marge recule à 6,4 % (-0,3 point). Lockheed Martin a notamment fait face à des charges de 95 millions de dollars sur EADGE-T, programme C2 destiné aux Émirats Arabes Unis, ou encore de 20 millions de dollars sur ses systèmes et capteurs de guerre intégrés (IWSS).
Des marges opérationnelles en baisse
Avec une croissance de 1 %, les revenus du spatial restent stables à 9,5 milliards de dollars. Lockheed Martin peut dire merci à sa filiale Atomic Weapons Establishment, consortium chargé de la production et du soutien des armes atomiques britanniques, dont la croissance a compensé la baisse des autres activités de la branche Space. Cela n’a pas suffi à préserver sa rentabilité : le résultat opérationnel s’effondre de 23 % à 993 millions de dollars, tandis que la marge chute de plus de 3 points à 10,5 %.
La dernière branche, Missiles and Fire Control, reste la plus petite et la plus rentable du groupe. Son chiffre d’affaires augmente de 9 % à 7,2 milliards de dollars, grâce à la hausse des livraisons de missiles de croisière JASSM, des systèmes de défense anti-missiles THAAD ou encore des pods Lantirn et Sniper. Elle affiche un résultat opérationnel de 1,1 milliard de dollars (+3 %). Seule sa marge diminue de 0,8 point. Mais avec 14,6 %, elle est encore loin devant les autres.
En sus de ses résultats, Lockheed Martin a publié ses prévisions pour cette nouvelle année. Le comparatif avec 2017 est légèrement faussé par l’adoption de nouvelles normes comptables. On peut tout de même dire qu’à périmètre égal, le groupe vise une augmentation de son chiffre d’affaires entre 0 et 3 %. Il devrait ainsi se situer en 50 et 51,5 milliards de dollars. Dans le même temps, il souhaite améliorer son résultat opérationnel consolidé de 1 à 3 %, pour atteindre 6,8 à 7 milliards de dollars.